En réponse à Jean-Philippe Ardouin, je rappellerai que parmi les raisons qui nous ont amenés, Claude de Ganay et moi, à vouloir travailler sur la question des SALA, se trouvent les déclarations de nos partenaires et compétiteurs stratégiques. Je pense en particulier aux déclarations d'un chef d'état-major russe, qui a affirmé que son objectif était de soustraire au maximum le combattant au champ de bataille pour lui substituer des unités robotisées. Les hauts responsables du ministère de la Défense américain ont réagi en indiquant qu'il ne serait pas éthique, dans ces conditions, qu'ils opposent à des robots des soldats en chair et en os sur le champ de bataille.
Dans les années 2000, la Chine parlait de forces « informatisées ». Aujourd'hui, elle évoque plus volontiers des forces « intelligentisées » – excusez ce barbarisme ! – c'est-à-dire qu'elle intègre la dimension de l'intelligence artificielle à chaque développement technologique. Le risque nous paraît donc celui d'un décrochage technologique de l'Europe. J'aime à reprendre cette citation, que j'ai beaucoup opposé aux personnes que nous avons entendues : « il faut prendre garde à ne pas continuer à améliorer la bougie pendant que d'autres inventent l'électricité » ! C'est la philosophie qui traverse notre rapport.