Pour revenir à la question de M. Marilossian concernant le SCAF, l'armée de l'air s'est interrogée sur l'intérêt et la possibilité d'un avion non-habité, et a exclu cette possibilité. L'aéronef principal de ce système sera habité, mais entouré de divers autres appareils, parmi lesquels des drones et des remote carriers. On touche là à ce qui ressemblerait le plus à des armes autonomes. D'ailleurs, comme vous l'avez bien dit, l'un des aspects de cette réflexion capacitaire tient à ce que pour éviter les interceptions, il faudra minimiser, voire couper, les liaisons entre l'arrière et l'effecteur, ce qui suppose une certaine autonomie de ce dernier.
Un autre aspect tient à la distinction entre moyens défensifs et moyens offensifs. Olivier Becht a ainsi pris des exemples de moyens autonomes à finalité défensive existant déjà, et l'on pourrait citer aussi les systèmes de défense anti-missiles de type Iron Dome. En la matière, l'autonomisation des armes va vraisemblablement devenir de plus en plus nécessaire avec l'arrivée, sur le champ de bataille, d'armes hypervéloces : face à de telles menaces, l'homme ne peut plus être dans la boucle, au risque d'être anéanti.
Il faut aussi distinguer le degré d'autonomie envisageable pour les armes en fonction du milieu dans lequel elles seront employées. En effet, les milieux homogènes et inhabités se prêtent le plus à des armes autonomes : tel est le cas de l'air, ou du fond des mers. Mais il sera beaucoup moins aisé de confier à un système autonome la faculté de délivrer un tir létal à terre, dans un milieu plus complexe et plus habité, en particulier en milieu urbain.