Ainsi, mes chers collègues, le premier enjeu de nos travaux consistait à dresser une sorte de tableau à l'instant « T » de ces « petits » équipements, c'est-à-dire à évaluer l'adéquation de ces matériels aux besoins des soldats. Ce n'est pas une mince affaire, et notre rapport présente en détail le résultat de nos travaux. Pour faire court, et au risque de brosser ce tableau un peu « à la hussarde », il faut bien dire que la modernisation des « petits » équipements est assez lente, plus que celle des grands matériels « à effet majeur ». Ce sont même de hautes autorités militaires qui ont prononcé devant nous le terme de « paupérisation » pour qualifier l'état des « petits » équipements de nos soldats.
Le terme est un peu fort, assurément. Mais soyons lucides, sans esprit polémique : il suffit de passer une journée dans un régiment pour se rendre compte qu'à côté des matériels les plus modernes, on trouve aussi des matériels franchement obsolètes.
Pourquoi cela ? D'abord et avant tout, parce que les lignes budgétaires qui financent ces équipements sont trop souvent des variables d'ajustement – nous l'avons dit. Cela tient d'ailleurs en partie, peut-être, à la présentation des choses par le ministère lui-même : si l'on étudie en détail la documentation qui nous est fournie avec le projet de loi de finances, qui ne devrait pas tarder à nous arriver, on trouve aisément des lignes budgétaires spécifiques pour les grands programmes, mais on aura bien du mal à savoir combien va être dépensé pour les gilets pare-balles, pour les effets d'habillement, pour les pistolets, ou pour les munitions des armes individuelles. Tout ce qui est « petit » est traité assez indistinctement ; cela contribue certainement à en faire des variables d'ajustement toutes trouvées.