Intervention de Jean-Pierre Cubertafon

Réunion du mercredi 16 septembre 2020 à 9h35
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Cubertafon, co-rapporteur :

Monsieur de la Verpillière, un soldat reste un soldat, que ce soit à Sentinelle ou à Barkhane. À même homme même fusil, même pistolet et même gilet pare-balles. Sinon il faudrait confier Sentinelle à des forces spécialisées dans la sécurité intérieure et ce n'est pas le choix qui a été fait. On ne peut pas donner à nos soldats un double équipement, l'un adapté aux OPEX et l'autre, aux opérations menées sur notre territoire. Dès lors, nous n'avons donc pas de recommandations particulières à ce sujet.

Monsieur Baudu, ce qui se passe aux États-Unis en matière de développement de nouveaux calibres doit retenir toute notre attention. Pendant la Guerre froide, le monde s'est réparti entre les fusils d'assaut chambrés à 5,56 millimètres, aux États-Unis et dans le bloc de l'Ouest, et ceux chambrés 7,62 millimètres dans le bloc de l'Est. Ce choix perdure aujourd'hui. Notre HK447F a un calibre de 5,56 millimètres. Les États-Unis ont effectivement lancé un marché pour le renouvellement de leurs fusils d'assaut. Parmi les trois entreprises en lice, deux ont développé des munitions de 6,8 millimètres. Le choix de l'une de ces entreprises entraînera la production d'armes dans un nouveau calibre et leur distribution dans toute l'armée américaine. L'apparition et la généralisation d'un nouveau calibre aux États-Unis pourrait alors effectivement avoir un impact important sur les standards de l'OTAN : les États-Unis étant la nation-cadre par excellence au sein de l'Alliance atlantique, s'ils changent de calibre, ce dernier deviendra quasi nécessairement la norme de l'OTAN à laquelle nous devrons tous nous plier. En conséquence, ce standard pourrait devenir le standard européen et le marché des petits calibres et des munitions, évoluer. En France et en Europe, cela impliquerait à terme de changer nos armements et de nous doter de munitions de 6,8 millimètres, qu'aucune usine en Europe aujourd'hui n'est capable de produire. Nous serions complètement dépendants des États-Unis. Une autre solution consisterait à conserver le 5.56 et à développer notre propre calibre et, par conséquent, à plus être interopérable avec nos alliés américains et à être en retard d'une guerre sur le plan technologique. À l'aune de ces éléments techniques, la relance d'une filière française petit calibre et la création de synergies avec nos alliés européens paraissent utiles pour plusieurs raisons : cela nous permettra d'être présents sur le marché dans quelques années, cela offre des perspectives de long terme à cette filière, cela permet de répondre à l'objectif de souveraineté future et enfin, cela crée un nouvel axe de travail pour consolider la défense européenne.

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