Général, je vous remercie de votre présence ce matin pour cette audition annuelle sur le projet de loi de finances qui, quoique traditionnelle, revêt aujourd'hui un relief particulier, et ce pour au moins trois raisons.
Tout d'abord, elle fait suite à une année durant laquelle nos armées ont été abondamment sollicitées sur le territoire national dans le cadre de l'opération Résilience afin d'apporter une aide tous azimuts dans la lutte contre l'épidémie de Covid‑19.
Je vous redis toute notre admiration devant l'engagement de nos militaires, leur réactivité, leur efficacité et leur capacité à apporter des réponses innovantes à la crise. Nos concitoyens ne s'y sont d'ailleurs pas trompés et sont toujours très heureux, sur le terrain, de pouvoir les en remercier.
Parallèlement à cet engagement sur le territoire national, qui s'ajoutait à l'opération Sentinelle, nos armées ont continué à être fortement mobilisées sur les théâtres extérieurs, que ce soit en Méditerranée, au Proche et Moyen-Orient, au Liban, mais aussi, et surtout, au Mali.
Les moyens et les effectifs de l'opération Barkhane ont été accrus. À ce propos, certaines inquiétudes se sont exprimées ces derniers jours, au lendemain de la libération par les autorités maliennes d'un certain nombre de djihadistes, en contrepartie de la libération d'otages.
Même si vous avez déjà largement abordé ce sujet hier devant nos collègues sénateurs, nous aimerions entendre votre lecture de ces événements. Sont-ils, selon vous, de nature à entraver tant notre action au Mali que l'indispensable coopération avec les autorités en place ?
Enfin, l'année 2020 a été une année où nos militaires ont dû, eux aussi, s'adapter aux nouvelles conditions sanitaires.
Cela n'a pas été sans conséquences sur la préparation opérationnelle, eu égard à la mise en place de quatorzaines, au décalage des relèves ou encore à la santé de nos militaires dont certains sont, notamment à bord du Charles‑de‑Gaulle, ont été testés positifs à la Covid-19. Nos pensées vont également aux familles dont les inquiétudes et les difficultés en ont été exacerbées.
Au regard de ce constat, je me félicite que ce budget de 2021, en hausse de 1,7 milliard d'euros, soit conforme à la trajectoire de la loi de programmation militaire (LPM) et puisse être considéré comme un juste hommage de la nation aux armées, dont il consolide la remontée en puissance. Au-delà des chiffres, il nous importe de savoir si vous considérez qu'il nous permettra, pour reprendre une expression qui vous est chère, de demeurer maître de notre destin.
Lors de votre précédente audition devant notre commission, le 16 juillet dernier, vous résumiez ainsi la portée de la LPM : « réparer et reconstituer dans un premier temps, et moderniser dans un second temps un modèle d'armée complet, apte au combat dans tous les champs et disposant d'une masse suffisante ainsi que d'une organisation, d'un statut, de ressources et de capacités lui permettant d'assurer toutes ses fonctions dans la guerre et dans la crise ».
Retrouvez-vous, général, un tel objectif dans ce budget ?
Enfin, quel premier bilan tirez-vous de l'exécution 2020 ? La crise sanitaire a-t-elle entraîné certains retards susceptibles d'être préjudiciable à l'efficacité de nos armées ? La crise que traverse aujourd'hui notre base industrielle et technologique de défense (BITD), notamment les entreprises duales, est-elle de nature à susciter des inquiétudes relatives à notre autonomie stratégique ?