Intervention de Jacques Marilossian

Réunion du mardi 3 novembre 2020 à 17h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Marilossian :

Cela ne vous surprendra pas : le groupe La République en marche soutiendra sans ambiguïté la proposition de résolution, car elle définit sans langue de bois ce que nous attendons de notre pays et de l'Union européenne pour soutenir le secteur de l'industrie de défense.

Nous faisons face au retour de puissances étatiques agressives aux frontières de l'Ukraine, en mer de Chine, dans l'Océan indien, dans l'Arctique, en Syrie ou encore, tout récemment, dans le sud du Caucase, avec le conflit armé au Haut-Karabakh. La lutte contre le terrorisme s'intensifie aussi dans la région sahélo-saharienne, comme le montre l'intervention de l'armée française le week-end dernier, qui a permis de neutraliser une katiba dans la région des trois frontières. Mais le terrorisme continue également de frapper notre territoire national.

À cela s'ajoute la pandémie de covid-19 : le virus perturbe fortement le fonctionnement de notre propre base industrielle et technologique de défense alors même que celle-ci doit relever le défi du renouvellement capacitaire de nos armées.

Le plan de relance de la Commission européenne, dotée de 750 milliards d'euros, annoncé à la suite du premier confinement a un peu raté la marche de l'histoire faute d'intégrer les secteurs de la défense et de l'espace, et l'on peut regretter que l'enveloppe du fonds européen de défense ait été revue à la baisse, tout en restant conscients que l'existence même de ce fonds représente en soi une avancée, comme l'a dit Mme Thillaye.

Mais notre industrie de défense fait aussi face à un nouvel obstacle : il s'agit, étonnamment, du secteur bancaire. De nombreux acteurs du monde de la défense, start-up comme groupements d'entreprises, nous ont ainsi fait part des difficultés qu'ils ont rencontrées pour financer l'innovation de défense et le soutien à l'export – car notre industrie de défense ne vit pas seulement de commandes publiques, mais aussi de ses ventes à l'étranger. Les banques craignent de plus en plus de financer des projets industriels dans le secteur de la défense, par peur des sanctions américaines ou d'être pointées du doigt par des organisations non gouvernementales. Ce faisant, elles oublient qu'elles ont toujours été soutenues par les gouvernements en cas de crise financière majeure. Comment peuvent-elles refuser de financer les entreprises de défense, force innovante pour notre économie, garantes du fait que nos armées disposent des moyens d'assurer leurs missions de souveraineté et tenues par une réglementation très stricte ?

Ne nous laissons pas leurrer par la croyance que les États-Unis pourraient, par l'intermédiaire de l'OTAN, garantir notre sécurité en permanence et qu'il ne nous servirait donc à rien de bâtir une autonomie stratégique nationale et européenne. Nous devons relever les défis géopolitiques, sanitaires, économiques et financiers que j'ai cités pour que notre industrie de défense survive et fasse naître une industrie européenne forte, innovante et efficiente. C'est ce que permet cette proposition de résolution.

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