Intervention de Grégory Labille

Réunion du mardi 3 novembre 2020 à 17h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGrégory Labille :

Le texte va dans le bon sens et est porteur de messages forts, mais le groupe UDI et indépendants aurait préféré des actes concrets dans le cadre du plan de relance français. De nombreux parlementaires, siégeant sur tous les bancs, ont ainsi alerté l'exécutif sur la nécessité d'intégrer à ce dernier un volet spécifique à l'industrie de la défense – Je pense à l'excellent travail de nos collègues Benjamin Griveaux et Jean-Louis Thiériot, aux déclarations des différents groupes politiques à la tribune vendredi dernier ou encore aux travaux de nos collègues sénateurs.

Face au sort réservé à l'amendement de mon groupe visant à allouer 1,7 milliard d'euros à la relance de l'industrie de défense, nous ne pouvons que nous interroger. Pourtant, la présence au sein du plan de relance d'un volet spécifique à cette filière d'excellence aurait permis de sécuriser notre BITD, garante de notre autonomie stratégique et fragilisée par la crise, d'accélérer la modernisation et le renforcement des armées françaises dans un contexte géopolitique qui ne cesse de se dégrader et de créer un effet levier grâce à l'extraordinaire multiplicateur keynésien que constitue ce secteur. Si cette proposition risque de ne pas trouver d'écho à l'échelle française, elle représenterait un message fort aux institutions européennes.

Après l'échec, dans les années cinquante, de la Communauté européenne de défense, la question de la défense est longtemps restée à l'écart du débat européen, les dirigeants préférant se reposer sur l'OTAN. Et quand on voit l'intérêt que suscite partout en Europe l'élection qui aura lieu cette nuit outre-Atlantique, on comprend que nombre d'Européens, notamment à l'Est, se sentent encore dépendants des Américains pour leur défense. Il est pourtant vital que les Européens se réveillent et se rendent compte que l'autonomie stratégique n'est pas un gros mot.

La politique étrangère et de sécurité commune fut évidemment une première étape nécessaire, mais, comme bien souvent avec l'Union européenne, c'est toujours dans le cadre du marché qu'il faut agir. De ce point de vue, le fonds européen de défense constitue une avancée notable, bien que l'on puisse regretter qu'il ait été significativement réduit lors des négociations de juillet dernier. La France possède une industrie de défense déjà bien ancrée, mais c'est sur tout le territoire européen qu'il faut en développer une, pour impliquer chaque État et créer ainsi une solidarité tant stratégique qu'économique.

Notre groupe défendra des amendements destinés à clarifier et à compléter certains points. Il se tiendra à vos côtés, mesdames les rapporteures, pour envoyer aux institutions européennes le message fort que comporte votre proposition de résolution.

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