Tous mes vœux pour l'année 2021 !
Je veux, pour commencer, rendre hommage à nos soldats récemment tombés ou blessés au Mali. Je ferai observer que, sur les cinquante et un que nous avons perdus dans l'opération Barkhane ou celle qui l'avait précédée, un quart sont morts dans des VBL. Il me semble urgent soit de renforcer le blindage des VBL, soit d'envisager leur remplacement par de petits véhicules protégés (PVP), qui, s'ils sont moins mobiles, moins véloces et moins polyvalents, disposent d'un blindage de stanag supérieur – c'est une réflexion que j'ai déjà entendue au sein de nos forces.
Au Mali, la situation est extrêmement complexe. Il est évident que notre départ permettrait aux terroristes de se constituer un sanctuaire d'où ils pourraient nous attaquer : nous ne pouvons pas partir. L'Union européenne, qui n'a pas conscience de son intérêt en matière de sécurité, ne nous apporte qu'une aide symbolique, et les régimes locaux, au Mali en particulier, nous font trop souvent défaut en n'assurant pas les services essentiels à la population, sans lesquels on ne fera pas reculer les djihadistes et la barbarie. On a dit que la reconstruction de cet État prendrait du temps, mais cela fait déjà longtemps que nous sommes sur place. Sans doute faudrait-il « faire le point » sur l'état d'avancée de la reconstruction de ces États, voire, pour certains d'entre eux, sur leur progressive déconstruction malgré notre présence. Le problème, c'est que la situation actuelle donne l'impression qu'il y a une forme de découplage entre la France, qui a sa stratégie, et certains de ces régimes, y compris au Mali, qui veulent négocier avec des djihadistes. On ne peut pas combattre pour le compte des autres si ceux-ci agissent en sens contraire ! Qu'en pensez-vous ?
Vous nous avez livré une information inquiétante concernant la résurgence de Daech au Moyen-Orient. J'imagine que, dans le cadre de cette audition, nous ne pourrons pas obtenir plus d'informations, mais il serait bon, Madame la présidente, que nous entendions Mme la ministre des armées à huis clos afin que l'on sache si l'on risque l'ouverture d'un deuxième front. Après la trahison par les Américains de nos alliés kurdes, nous nous trouverions, dans cette hypothèse, singulièrement démunis.
Cette trahison, qui fut le fait de l'administration Trump, a profité à la Turquie. Les tensions en Méditerranée, que vous avez évoquées très diplomatiquement, sont en grande partie le fait de la Turquie. Une nouvelle administration américaine va entrer en fonction : le groupe UDI et indépendants attend de sa part une clarification sur la question turque. Il ne peut y avoir en permanence des tensions avec un pays qui se prétend notre allié, mais qui ne l'est en réalité plus depuis longtemps, notamment en Syrie, en Libye, voire dans ses relations avec la Grèce. Il y a un problème turc, et il faudra bien qu'un jour l'OTAN accepte de le traiter. Nous espérons que la France y contribuera et réussira à convaincre les États-Unis qu'entre alliés, on doit se comporter correctement.