Il y avait alors urgence à réagir pour éviter toute velléité de reconstitution d'un califat territorial, qui aurait également représenté une menace de premier plan pour la France et l'Europe. C'est dans ce contexte qu'a été organisé le Sommet de Pau, le 13 janvier 2020, afin de redéfinir les objectifs et les modalités de l'engagement sahélien, français et international au Sahel. Ce Sommet avait en fait plusieurs objectifs : réaffirmer la demande des États sahéliens d'être soutenus et accompagnés par la France ; trouver les moyens d'intensifier la lutte contre les groupes armés terroristes, au travers d'une double logique : sahélisation des opérations, et internationalisation des engagements Pour la France, cela s'est traduit par un renforcement des moyens humains (le déploiement de 600 militaires supplémentaires) et techniques (l'armement des drones français, effectif depuis fin 2019).
Aujourd'hui, 5 100 militaires français sont donc déployés au Sahel. Je ne reviendrai pas sur notre dispositif ni nos moyens, dont vous avez pu trouver une description détaillée dans le projet de rapport qui vous a été adressé hier.
En outre, le Sommet de Pau a mis l'accent sur le renforcement de la force conjointe du G5 Sahel, dont la création avait été annoncée en juillet 2017, soit trois ans après la création du G5 Sahel. Constituée de 5 000 hommes issus des pays du G5 Sahel, cette force se concentre sur la sécurisation des zones frontalières, et lutte contre les groupes terroristes et le crime organisé.
Enfin, le Sommet de Pau a été l'occasion de renforcer l'action de nos partenaires internationaux. Renforcer, car si j'ai dit tout à l'heure que la France pouvait se sentir seule dans la lutte contre les GAT, les choses sont évidemment plus complexes. Sur le théâtre, nous recevions déjà un soutien important des américains – dans les domaines du renseignement, du ravitaillement, du transport –, mais aussi des allemands, des canadiens et des espagnols – transport stratégique, c'est-à-dire les relèves –, des britanniques et des danois – transport tactique, sur les théâtres, par hélicoptères de transport lourd –, des estoniens, pour la protection des sites.
La contribution des forces occidentales a toutefois franchi un palier supplémentaire avec le lancement de la force Takuba, qui réunit des forces spéciales européennes dont la mission est de former et d'accompagner sur le terrain des unités maliennes.
En outre, je n'oublie par l'apport de la mission militaire européenne de formation EUTM Mali, qui forme les forces armées maliennes, et la mission onusienne MINUSMA, qui contribue à la stabilisation du pays. Nous reviendrons plus tard sur ces deux missions et leurs marges de « progrès ».