Troisième facteur de crise : la défaillance générale des États, sous le fait de la corruption, d'exactions, de l'incapacité à assurer la présence de l'État dans certaines parties des territoires et de l'incapacité à assurer le développement équitable et l'accès aux services de bases.
C'est d'ailleurs là aussi notre échec collectif, après des décennies d'aide au développement provenant de la communauté internationale.
Les groupes terroristes se nourrissent de ces fragilités, et n'hésitent pas à exploiter les frustrations, les tensions communautaires, la pauvreté, la fragmentation des sociétés sahéliennes.
C'est pourquoi, pour toutes ces raisons, jamais il n'a été imaginé que la réponse militaire puisse seule permettre de stabiliser le pays.
Celle-ci constitue en revanche le socle d'une approche dite globale, matérialisée par la Coalition internationale pour le Sahel créée dans la foulée du Sommet de Pau, afin de coordonner l'action des différents partenaires sahéliens et internationaux et des initiatives lancées depuis 2013.
Je ne reviendrai pas en détail sur ces différentes initiatives. Mais retenez simplement que la Coalition internationale pour le Sahel est structurée en quatre piliers.
Premier pilier : la « Lutte contre le terrorisme », piloté conjointement par les pays du G5 Sahel et la France.
Deuxième pilier : le « Renforcement des capacités militaires », piloté par l'Union européenne (EUTM Mali, P3S) en lien avec le G5 Sahel.
Troisième pilier : l'« Appui au retour de l'État », piloté par l'Union européenne (Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel, missions européennes EUCAP Mali et EUCAP Niger) en lien avec le G5 Sahel.
Quatrième pilier : l'« Aide au développement », piloté conjointement par le G5 Sahel et l'Alliance Sahel.
Les initiatives sont nombreuses, l'argent est là – 17 milliards pour l'Alliance Sahel ! – l'engagement de la communauté internationale est incontestable et pourtant, nous peinons à concrétiser ces efforts.
Or, ce n'est qu'en relevant le défi de la montée en puissance des forces locales, du retour des États et du développement que nous parviendrons à transformer les succès tactiques en victoire stratégique. Et dans cette perspective qu'à l'occasion du Sommet de N'Djamena, qui s'est tenu les 15 et 16 février, la nécessité d'un « sursaut civil » a été soulignée.