Avant toute chose, je souhaiterais remercier devant nous tous les deux rapporteures de cette mission d'information, dont les travaux ont été particulièrement intéressants à suivre, pour le travail fourni dans l'établissement de ce rapport et la présentation qui vient de nous en être faite. Très rapidement, j'aurai plusieurs questions à vous soumettre suite à la lecture de votre rapport. Dans la partie « Mettre en œuvre le sursaut civil » du rapport, vous rappelez que le sommet de N'Djamena devait lancer un tel sursaut, devant conduire les États sahéliens à engager les réformes et actions nécessaires pour assurer le retour de l'État et des services publics sur l'ensemble de leurs territoires respectifs, au profit des populations, ainsi que pour créer les conditions d'un développement économique et social robuste et équitable. Une des conditions de ce sursaut est que les populations aient accès à des interlocuteurs étatiques et que ceux-ci se substituent aux groupes terroristes pour l'assurance de missions régaliennes telles que la sécurité du quotidien et les négociations entre parties d'un conflit. Alors, que penser des négociations visant à obtenir une désescalade des violences et prises en étau qui sont menées dans certains villages directement par les habitants ou des représentants ethniques avec les groupes violents qui contrôlent les territoires, que ce soient des groupes terroristes ou des milices d'autodéfense ? Vous l'aurez compris, je fais là référence au reportage de RFI sorti le 12 avril, « Dans les coulisses de l'accord de Niono au Mali ». Ces négociations qui sortent de tout cadre officiel étatique ne risquent-elles pas de doucement convertir les populations locales aux arguments de ceux même qui leur empêchent d'avoir accès même physiquement à l'État, en entretenant un dialogue direct avec les populations et en leur accordant la levée de certaines contraintes ?
Sur le volet militaire, votre rapport montre que la coopération internationale fonctionne à plein régime, notamment au moyen de la Task Force Takuba que vous qualifiez de « succès pour la diplomatie française » mais que l'on peut presque qualifier de manifestation de la possibilité d'une défense européenne.
Avec une nouvelle présidence américaine mais aussi une doctrine internationale à certains égards moins en rupture qu'escompté, faut-il craindre à court ou moyen terme un retrait américain qui serait malgré tout difficile pour les Européens et Sahéliens à compenser, notamment en termes de renseignement ? Aussi, à votre connaissance, certains de nos alliés européens au sein de Barkhane pourraient-ils se laisser entraîner dans la voie d'un retrait que pourrait ouvrir les États-Unis ? A contrario, disposez-vous d'éléments d'actualité concrets relatifs aux intérêts à s'engager de nouvelles nations européennes, telles que l'Ukraine, la Grèce, la Slovaquie ou la Hongrie que vous citez dans le rapport ?