Intervention de Isabelle Santiago

Réunion du mercredi 14 avril 2021 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Santiago :

En préambule, je vous remercie sincèrement pour le rapport que vous avez rédigé et les éclairages que vous avez fournis. Je souhaiterais saluer le travail des co-rapporteures de la mission d'information et mentionner l'accord de mon groupe sur les grandes conclusions qui sont tirées quant à l'opportunité de la poursuite de l'opération Barkhane ainsi que son utilité pour la stabilité régionale et plus largement pour la sécurité de l'Union européenne.

Permettez-moi également de souligner l'engagement remarquable des militaires français de l'opération Barkhane, ainsi que des troupes de nos partenaires maliens et nigériens notamment, qui ont permis d'assurer de nombreux succès sur le terrain en 2020.

Les chefs de nos forces armées, que notre commission a l'habitude d'auditionner, soulignent régulièrement que le dispositif et le format de Barkhane n'ont jamais été monolithiques. Ils sont en constante adaptation et par nature évolutifs, il ne s'agit donc pas de savoir s'il faut faire évoluer l'opération Barkhane mais bien comment, selon quels objectifs, selon quelles modalités et à quel horizon. De ce point de vue, il convient de tracer un certain nombre de perspectives. L'objectif est indéniablement de renforcer à la fois la sahélisation et l'internationalisation du dispositif, autrement dit l'implication des armées de nos partenaires locaux principalement maliens et nigériens et la participation sur le terrain des armées de nos partenaires européens, voire internationaux.

La perspective est claire. D'une mission menée sous la forme d'une opération extérieure faisant intervenir massivement des militaires de la troupe, on passerait à un dispositif plus léger faisant intervenir principalement les forces spéciales ouvertes à la participation de nos partenaires européens qui viendraient en appui des forces armées locales maliennes et nigériennes qui, elles, deviendraient majoritaires sur le terrain.

L'opération Barkhane semble ainsi être amenée à être relayée progressivement par la montée en puissance de la task force Takuba qui devrait regrouper à terme selon les mots du Président de la République « 2 000 hommes, avec un pilier français autour de 500 hommes ». Cette dernière viendrait donc « en appui », « aux côtés des militaires sahéliens », « ce qui est une logique différente de celle des opérations extérieures ». Cette adaptation n'est évidemment pas pour tout de suite mais elle doit être envisagée selon les progrès effectués sur le terrain dans différents domaines à un horizon de 18 mois, avec les conditions et précautions nécessaires.

Enfin, en conclusion, je tiens à souligner que les succès du volet militaire de l'opération Barkhane, aussi important qu'ils soient, ne pourront être pérennisés dans le temps et sur la durée que si le volet politique prend le relais. De ce point de vue, le respect des accords d'Alger de 2015, comme les discussions internes aux différents acteurs maliens en vue de restaurer l'autorité de l'État sur ses frontières ainsi que sur les services de base assurés auprès de l'ensemble de la population, restent cruciales. Quels que soient les succès militaires, il nous faudra gagner la bataille politique.

Ces éléments, Mesdames les rapporteures, pour rappeler que l'avenir de l'opération Barkhane ne peut pas être improvisé – vous l'avez largement démontré dans votre rapport – et ses forces de transformation doivent déjà faire l'objet de débats. Je souhaitais donc savoir quelles pistes les informations recueillies dans votre rapport ont fait ressortir à ce sujet.

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