Intervention de Bastien Lachaud

Réunion du mercredi 14 avril 2021 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBastien Lachaud :

Madame la Présidente, mes chers collègues, je ne veux pas évoquer Barkhane sans rendre hommage à toutes les victimes du conflit au Sahel, aux civils et à nos militaires morts ou blessés dans l'exercice de leur mission. Leur souvenir nous oblige à la gravité, à la pondération mais aussi à la clarté.

Le rapport qui nous est présenté est le fruit d'un long travail que je remercie les rapporteures d'avoir accompli. Bien sûr, il mérite d'être publié, malgré les nombreux points de désaccord que j'y trouve. Je regrette, par exemple, qu'il n'aille pas plus loin et que les auteurs n'aient par exemple pas choisi de profiter de ce travail pour chercher à se procurer des éléments matériels concernant le bombardement de Bounti. Il est vrai que le contrôle de l'action de l'exécutif nous incombe à tous et je crois que nous ne devrions pas y renoncer.

Plus généralement, le point de vue des auteurs et celui de mon groupe divergent profondément. La contribution que je déposerai entrera davantage dans le détail. Pour l'heure, disons surtout que je ne partage pas l'enthousiasme des rapporteurs qui voit dans Barkhane une opération au bilan, je cite, « incontestablement positif ». Dans la mesure où le nombre des combattants, leur zone d'actions et d'influence, le nombre des morts, des blessés et des déplacés se sont considérablement accrus, dans la mesure où le Mali a connu un coup d'État l'été dernier et la démocratie ne s'est affermie nulle part, je suis forcé de m'interroger sur ce que les auteurs pourraient appeler un « bilan mitigé ».

Je dois surtout attirer l'attention sur l'avenir de l'opération : alors que l'idée et les conditions du retrait de nos troupes devraient être selon moi le cœur du texte, il lui substitue l'idée de pérenniser Barkhane encore, je cite, de « nombreuses années ». Je mets en garde : les populations se résigneront peut-être mais ne l'accepteront pas.

Cette idée d'installer l'opération pour de nombreuses années découle bien sûr du fait qu'on ne se soit pas affranchi de la notion de « guerre au terrorisme » qui est une impasse et un bon prétexte à tous les régimes autoritaires pour négocier le parrainage d'une puissance étrangère. Pour ma part, je refuse que Barkhane devienne une version remaniée de la mission Épervier, installée au Tchad depuis 1986.

Je le redis : notre objectif doit être d'organiser, de façon progressive et méthodique, en concertation avec les peuples, qui ne sont jamais sérieusement consultés, le retrait des soldats français.

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