Madame Roques-Etienne, vous avez soulevé la délicate question des négociations initiées au niveau local entre certaines communautés et des groupes armés terroristes. Mais comment en vouloir en populations locales ? On peut tout à fait comprendre qu'elles engagent de telles discussions car elles y sont contraintes pour survivre, et qu'elles ont évidemment envie que la situation s'améliore. Évidemment, nous ne sommes pas favorables à la négociation avec les groupes armés terroristes, mais il nous semble important de distinguer d'une part les chefs, dont le projet est de détruire l'État, d'imposer la charia ou encore de constituer un califat, avec une réelle volonté de viser l'Europe et la France, et d'autre part les combattants « de base » qui rejoignent ces groupes armés pour d'autres préoccupations, souvent plus basiques, rarement par choix idéologique. La négociation fait partie de la volonté des États du Sahel, comme nous l'avons expliqué dans le rapport, mais le cas échéant, il faut pouvoir le faire dans de bonnes conditions.
J'en viens à présent à la question de l'engagement international de nos partenaires. Il ne semble pas y avoir d'inquiétude concernant les États-Unis, mais il faut effectivement sortir de l'ambiguïté, car pour l'instant, toutes les réponses n'ont pas été clairement apportées. Il est absolument primordial que les États-Unis soient à nos côtés, car le soutien qu'ils apportent en plusieurs domaines est crucial à nos opérations. Il en est de même s'agissant de la pérennisation de Takuba, dont les unités sont aux côtés des FAMa. Nous attendons de nouvelles participations, dont celle des Italiens, et le Danemark a récemment annoncé, au début du mois d'avril, qu'une centaine de militaires seraient déployés au début de l'année 2022. La force Takuba monte en puissance ; il faut encore que l'on travaille au niveau européen pour que nos partenaires s'engagent davantage à nos côtés, mais je crois que c'est en bonne voie.