Deux mots reviennent dorénavant souvent pour parler de la guerre : l'hybridation et l'asymétrie. Et pour répondre à votre question, Monsieur Thiériot, je pense que s'il y a bien un exemple concret pour les illustrer, c'est la guerre informationnelle. D'abord l'hybridation, parce que la guerre ne se joue pas que sur le terrain physique et cinétique, mais aussi sur les réseaux sociaux. Tout le monde a un téléphone portable, et c'est le cas de beaucoup de monde dans la bande sahélo-saharienne. L'asymétrie, ensuite, parce que les forces en présence sont totalement asymétriques : comment comparer les Mirage 2000 de Barkhane aux kalachnikovs et aux motos des groupes terroristes ?
Dans ce contexte, la guerre informationnelle repose sur des technologies assez peu coûteuses, y compris d'ailleurs s'agissant des bots qui permettent d'augmenter la diffusion des messages que les groupes armés terroristes diffusent sur les réseaux sociaux. Cela permet aussi une fuite de la confrontation cinétique. Les moyens des groupes armés terroristes sont très variés : des tracts, la désinformation par la radio, l'instrumentalisation de toutes les failles identifiées ou créées, etc. La compétition est également stratégique sur ce terrain avec des compétiteurs qui souhaitent élargir leurs zones d'influence, voire occuper le premier plan. On pense par exemple à la Russie, qui présente des moyens et des objectifs de dénigrement et de désinformation, que ce soit par les médias ou les réseaux sociaux.
Comment nous montrer plus réactifs ? La pédagogie, la transparence, mais aussi la protection et la préparation de nos soldats et de leurs familles. On voit bien qu'à travers cela, c'est l'affaiblissement du moral des troupes qui est visé. Le harcèlement par les engins explosifs improvisés, les attaques régulières, mais aussi le dénigrement sur les réseaux sociaux et l'éventuelle atteinte de leurs familles, peut être un très bon moyen de déstabiliser les forces en présence.