Je voudrais d'abord assurer à la commission de la Défense toute la solidarité de mes collègues et de moi-même pour les travaux que vous faites. Vous avez un niveau d'engagement et d'analyse dans le sujet qui est extrêmement utile à l'Assemblée et au Parlement, et qui lui donne un éclairage complémentaire très fort. J'ai lu votre rapport, je l'ai trouvé remarquable avec une très grande profondeur à la fois historique, sociologique, politique et militaire. Je pense que vous avez aussi eu le mérite de traiter de sujets difficiles, et je retiens comme moment fort du rapport la question des perspectives à donner à la mise en œuvre des Accords d'Alger, et notamment celle des négociations.
Vous avez vraiment mené une analyse très forte sur cette question de la discussion avec les terroristes, la question du cadre des négociations, de l'évolution des positions de la France à un moment donné. Je vous remercie pour ce travail parlementaire qui nous fait honneur. Je voudrais simplement formuler une observation.
Je me trouvais il y a quelques jours sur le terrain, avec les acteurs de la base aérienne projetée de Niamey. Je perçois très bien la différence entre la période d'avant le Sommet de Pau et celle que nous connaissons, avec les opérations Bourrasque, Éclipse et Équinoxe. Je vois très bien la qualité de l'intégration avec les forces locales, plus forte à travers le mécanisme de commandement conjoint (MCC), à travers la cellule de fusionnement du renseignement (Intelligence Fusion Cell), mais je pense que cela met en évidence un problème assez fort. Dans beaucoup d'endroits, et notamment au Niger, l'État n'a pas disparu, et finalement, les cibles sont à la portée des forces armées nationales. La vraie question réside dans leur capacité et leur volonté à aller combattre. On voit très bien qu'un des problèmes tient au fait que les armées sont formées d'ethnies non-combattantes, si je puis dire, face à des ethnies beaucoup plus versées dans le combat, qui elles-mêmes alimentent les rangs du terrorisme.
Je voudrais simplement faire état d'une réflexion : il y a un espoir avec l'élection de l'actuel président du Niger, M. Mohamed Bazoum, qui a décidé de doubler les forces armées nationales en termes quantitatifs, et de mettre en œuvre un recrutement spécifique et rapide dans les ethnies et les régions où le recrutement des groupes armés terroristes est favorisé. Je pense notamment aux Peuls, aux Touaregs et aux Arabes. L'idée n'est pas de les mettre en situation de milices d'autodéfense, mais de les intégrer de façon très dynamique dans la Garde nationale, avec un encadrement très fort. Je vois ce qu'il se passe au Niger, cela me donne plutôt confiance. Je ne vois pas la même chose au Mali, notamment en ce qui concerne les forces armées nationales, et j'aimerais bien connaître votre avis sur le sujet.
Sur la communication, il y a toujours le mythe d'un Barkhane omnipotent, omniscient mais n'intervenant pas partout et donc finalement coupable. Je pense que ce mythe doit être cassé, et donc vous est adressé la question de la communication : je pense que nous devrions aller un petit peu plus loin sur les recommandations concernant la communication. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ? Parce que c'est un vrai défaut de Barkhane aujourd'hui.