Je répondrai en même temps à Philippe Meyer et Laurence Trastour-Isnard, qui ont tous deux évoqué la question de l'acceptabilité de notre engagement et de l'accroissement d'un sentiment anti-français. Comme nous l'avons dit dans nos propos liminaires, un tel accroissement n'est pas confirmé par la plupart des chercheurs que nous avons entendus, même s'il faut s'attendre à ce que l'ancrage dans le temps de cette opération puisse lui porter préjudice. Surtout, cela témoigne de l'importance du récit fait de l'opération, et de parvenir à ce que le positionnement de Barkhane soit justement perçu. Car Barkhane n'est que le premier pilier de la stratégie de stabilisation mise en œuvre au Sahel. Elle est en le socle – car sans Barkhane, l'ensemble de l'édifice s'effondre – elle obtient des résultats. Ce qui n'est pas le cas des autres piliers qui sont défaillants, au moins en partie, et c'est pour cette raison que le Sommet de N'Djamena a appelé à la mise en œuvre d'un sursaut civil, en faveur du développement et des populations. Le sentiment anti-français existe, mais nous semble surmédiatisé. Il faut donc nous montrer vigilant mais je tiens à rappeler que la MINUSMa ou d'autres forces alliées présentes au Sahel sont confrontées aux mêmes défis.