L'effectif de sous-officiers est bien la préoccupation majeure. En termes quantitatifs, il nous en manque plusieurs centaines. Rapporté aux 100 000 sous-officiers environ présents dans les armées, cela peut paraître secondaire, mais ce sont le plus souvent des sous-officiers très qualifiés, anciens, expérimentés dans des métiers pointus et déficitaires qui entrent en concurrence avec le secteur privé. C'est pourquoi je parlais de ciblage des populations en fonction des effets RH que l'on veut provoquer.
Nous rencontrons à la fois des difficultés de recrutement et de fidélisation. C'est un mal de notre société : on peine à trouver des jeunes très bien formés aux métiers techniques. Il y a peu d'appétence pour les métiers techniques. Il faut faire monter ces jeunes en compétence, s'assurer qu'ils ont le potentiel pour progresser et devenir des sous-officiers qualifiés. Ils ont souvent le potentiel pour devenir des sous-officiers, mais l'ont-ils pour exercer des métiers d'expertise dans les domaines du numérique, du cyber, du renseignement ? Même et peut-être surtout dans les armes de mêlée, l'activité est de plus en plus technique, notamment depuis l'introduction du système de synergie du contact renforcée par la polyvalence et l'infovalorisation (SCORPION) dans l'armée de terre.
Nous devons trouver un vivier compétent. S'il ne l'est pas, cela prend du temps. Nous devons recourir au déploiement de méthodes efficaces, comme la recréation des écoles techniques. Les écoles militaires de Bourges ont recréé une école technique d'apprentis pour l'armée de terre, à l'instar de l'école des mousses de la marine ou de Saint-Agnant pour l'armée de l'air. Nous profitons aussi de la politique du ministère, qui embauche chaque année en stage plus de 2 000 apprentis civils, pour en flécher quelques-uns vers les armées. L'année dernière, la marine a recruté parmi ses apprentis civils plusieurs dizaines de militaires préformés à des métiers et ayant du potentiel.
Cela n'en reste pas moins un sujet d'attention majeur, car il y a un effet de flux : quand je parle du manque de quelques centaines de sous-officiers, il s'agit du différentiel entre les entrants et les sortants. Nous y sommes attentifs. Si nous nous réjouissons d'atteindre nos cibles en termes d'effectifs, nous sommes attentifs à leur atteinte en termes qualitatifs.