La revue stratégique de 2017 avait permis de poser les jalons d'un modèle d'armée complet et équilibré dans la durée. La loi de programmation militaire 2019-2025 a ensuite concrétisé les efforts budgétaires voulus par le Président de la République afin de donner à nos armées les moyens d'atteindre les objectifs fixés par la revue stratégique.
Cette loi de programmation militaire était ambitieuse et surtout sincère : fiabilité des ressources mobilisées, exécution quasiment parfaite des autorisations de paiement, valorisation réaliste et juste des opérations extérieures et hausse régulière du budget de la défense de 1,7 milliard par an jusqu'en 2022. La loi de programmation militaire permet donc une régénération capacitaire de nos armées : renouveau et maintien en conditions opérationnelles, important effort dans le recrutement et la formation de soldats, de marins et de pilotes, investissements importants dans le cyber, l'espace et dans l'innovation de défense.
L'actualisation stratégique de 2021 a confirmé les menaces relevées par la revue stratégique de 2017. Instabilités et incertitudes se sont accrues : premiers signes d'un combat de haute intensité entre acteurs étatiques avec l'agression de l'Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh ; persistance de la menace terroriste de l'État islamique ou d'Al-Qaïda contre notre pays et les alliés européens ; développement de la stratégie hybride combinant les modes d'action ; durcissement des engagements et accroissement de provocations et de crises en Méditerranée orientale ou en zone indopacifique, théâtre de tentatives d'hégémonie.
La ministre des armées a annoncé l'accélération ou la décélération de plusieurs programmes de la loi de programmation militaire afin de s'adapter à ces menaces et je ne parle même pas du format de notre aviation de combat à la suite des récents succès du Rafale à l'export, ou d'éventuelles évolutions de la doctrine d'emploi de l'interarmées. En même temps, notre voisin britannique affiche de grandes ambitions. Sa vision Global Britain se traduit dans l 'Integrated Review et le Command Paper qui annoncent notamment un investissement historique pour la Royal Navy afin de redevenir la première nation maritime européenne.
Vous avez récemment affirmé dans un entretien que nous allions vers une « réorganisation de l'ordre du monde » et que nous serons toujours engagés au Sahel dans dix ans. Ce contexte d'accroissement des menaces ne devrait-il pas nous inciter à faire un effort supplémentaire, capacitaire et humain, dans la loi de programmation militaire actuelle sans attendre la suivante ?