Je tiens tout d'abord à vous remercier, en notre nom à tous, pour votre intervention exhaustive qui nous a éclairés sur l'adaptation de la LPM, en relation avec les nombreux enjeux auxquels la marine nationale est confrontée.
Conformément à la trajectoire de la LPM, les moyens poursuivent leur augmentation : 1,7 milliard d'euros supplémentaires en 2021, soit une hausse de 4,5 %. Ils s'établissent ainsi, hors pensions, à près de 40 milliards d'euros, dont 22 milliards seront investis dans la modernisation des infrastructures et des équipements. En 2021, l'action Préparation des forces navales est dotée de 3,8 milliards d'euros en autorisations d'engagement et de 2,6 milliards d'euros en crédits de paiement.
La LPM est porteuse de fortes ambitions pour la marine, avec le renouvellement de nombre de ses composantes à l'horizon de 2025, dont les FREMM, les frégates de taille intermédiaire (FTI), les patrouilleurs outre-mer (POM) – et, plus largement, le programme de bâtiments de surveillance et d'intervention maritime (BATSIMAR) –, les SNLA et la rénovation des ATL2.
Avec ses trois façades maritimes métropolitaines, sans oublier le fait qu'elle possède la deuxième zone économique exclusive (ZEE) du monde, la France a besoin d'une marine forte. C'est d'autant plus vrai que la mer est redevenue une zone de frictions et de démonstrations de puissance souvent désinhibées ; elle pourrait même être une zone d'affrontements, théâtre du retour de combats navals de haute intensité.
Nous avons besoin de constance dans l'exécution de la LPM. Si les budgets et l'ambition sont présents, des ruptures temporaires de capacité sont encore devant nous à cause du fait que certaines décisions ont trop tardé. En effet, le temps de la marine est un temps long : il faut environ dix ans pour réaliser un programme. Or, compte tenu des choix opérés au début des années 2010, la décennie 2020 s'annonce difficile pour la marine, notamment outre-mer : cette année, la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie devront se contenter d'un seul patrouilleur. On relève également des ruptures temporaires de capacité pour les patrouilleurs océaniques, les bâtiments de commandement et de ravitaillement – j'ai fait mon service militaire sur le pétrolier-ravitailleur Durance ; un navire de la même génération naviguait encore il y a peu – et les avions de surveillance maritime.
Comme vous le dites, le temps capacitaire est deux à trois fois plus long que le temps politique. Si nous sommes heureux de voir enclencher autant de programmes, il nous tarde – et à vous plus encore qu'à nous, bien entendu – qu'ils soient entièrement opérationnels. Vous avez raison de dire qu'il convient de se réjouir de la LPM, mais que la constance et le maintien de son exécution à l'euro près sont essentiels car, compte tenu des ruptures capacitaires observées, nous ne pouvons pas nous permettre de prendre plus de retard.
Les fonds marins deviennent un nouveau théâtre de guerre, une nouvelle zone de convoitise – voire d'espionnage. Le 2 juin, le chef d'état-major des armées nous indiquait vous avoir donné un mandat pour lancer un programme de protection des attaques cyber sur les câbles. Londres, conscient du risque pesant sur les câbles sous-marins, va lancer la construction d'un navire dédié à leur protection, équipé de drones et de robots. La marine italienne va se doter elle aussi d'un nouveau navire d'intervention sous-marine. Qu'en est-il de la France ?
Contrairement aux FREMM et aux FDA de type Horizon, les frégates de défense et d'intervention (FDI) en construction ne seront pas équipées de leurres antimissiles et de dispositifs de brouillage. Est-ce pour une raison budgétaire ? Cette décision peut-elle encore changer ? Il y va de la sécurité de nos marins.