Mes chers collègues, avant d'aborder notre ordre du jour, j'aimerais exprimer toute la solidarité de notre commission à l'égard des six soldats français blessés lundi dernier dans le centre du Mali, dans une attaque à la voiture piégée. Nous leur souhaitons un prompt rétablissement, ainsi qu'aux quatre civils blessés. Nos pensées vont également à leurs familles et à leurs camarades.
Général Burkhard, nous sommes très heureux de vous retrouver pour cette audition, qui est la dernière en votre qualité de chef d'état-major de l'armée de Terre (CEMAT). Nous aurons la joie de vous revoir dans de nouvelles fonctions à l'automne prochain, pour notre traditionnel cycle d'auditions budgétaires.
Au risque d'offenser votre modestie, permettez-moi de vous féliciter chaleureusement, au nom des membres de la commission, pour votre nomination à la tête de nos armées qui, si elle a pu apparaître comme une évidence, n'en constitue pas moins une décision marquante, reconnaissant un parcours exemplaire, des aptitudes hors normes dans une grande variété de domaines et une vision stratégique que chacun ici apprécie à sa juste valeur. Je salue également votre grande disponibilité, et la relation de confiance que vous avez su instaurer avec les parlementaires, de tous les bancs. Vous êtes très souvent à l'initiative lorsqu'il s'agit d'informer les députés et de dialoguer avec eux. Je me réjouis de cette attention permanente portée au Parlement. Je sais aussi combien vos hommes sont très heureux de votre nomination.
Toutefois, j'appelle l'attention de mes collègues sur le fait que nous entendrons aujourd'hui le CEMAT. Ils devront résister à la tentation d'interroger le futur chef d'état-major des armées (CEMA). CEMAT, vous l'êtes encore pour quelques semaines, général ; à ce titre, vous avez beaucoup à nous dire.
Il y a un an, le 17 juin 2020, vous nous avez présenté votre vision stratégique pour l'armée de Terre, intitulée « Supériorité opérationnelle 2030 ». Son principal objectif était de parvenir à une « armée de Terre durcie », capable d'affronter des conflits plus durs, que vous prévoyiez « plus exigeants et sûrement plus lourds de conséquences » que les précédents. Vous annonciez un renforcement de la formation des militaires de l'armée de Terre, grâce à la création d'une école technique à Bourges. Vous plaidiez aussi pour davantage d'épaisseur et de résilience, en appelant l'attention sur divers risques pesant sur les stocks de pièces et de munitions, et en alertant sur l'augmentation des coûts du maintien en condition opérationnelle (MCO) des matériels, qui vous contraint à rogner sur vos capacités d'entraînement.
Un an après, vous nous direz comment a évolué cette situation, quel bilan vous dressez des chantiers que vous avez lancés et quels sont les principaux défis que l'armée de Terre doit encore relever. Alors que la revue stratégique a été actualisée au début de l'année, vous serez à même de nous dire dans quelle mesure la loi de programmation militaire (LPM) 2019 – 2025 reste adaptée aux enjeux que vous avez identifiés, et, le cas échéant, quels ajustements devraient être envisagés en priorité. Vous préciserez notamment les conséquences, pour l'armée de Terre et sa programmation budgétaire, de l'accélération, annoncée par la ministre des armées, dans les champs de la détection, de la protection et de la préparation opérationnelle. Le détail des ajustements nécessaires pour en compenser les effets nous intéresse.