Intervention de Françoise Dumas

Réunion du mardi 5 octobre 2021 à 17h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançoise Dumas, présidente :

Madame la ministre des Armées, votre audition, en ce début de session ordinaire, est à la fois traditionnelle et exceptionnelle.

Elle est traditionnelle, car il est d'usage que le ou la ministre des armées ouvre le cycle budgétaire devant notre commission en présentant le budget dévolu dans le projet de loi de finances à la mission Défense. De ce point de vue, les années se suivent et se ressemblent : pour la quatrième année consécutive, ce budget est conforme à la trajectoire de la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. Son montant est de 40,9 milliards d'euros, soit une augmentation de 1,7 milliard par rapport à la loi de finances initiale de 2021. Les engagements sont donc tenus. Ce respect de la LPM doit être salué comme il convient : l'histoire budgétaire et militaire française regorge de LPM peu ou pas respectées, d'une part, et, d'autre part, le monde vient de traverser une crise sanitaire historique, ce qui a bousculé les finances publiques et nos ratios d'endettement, toutes choses qui auraient pu servir de prétexte pour s'en dispenser.

En ce sens, votre audition budgétaire, la dernière de la législature, est exceptionnelle. Ce budget illustre la volonté tenace du Gouvernement de mettre en accord les discours et les actes pour rattraper les années perdues ayant contribué au délitement de nos capacités. La LPM 2019-2025 est ainsi celle du rattrapage et de la modernisation. L'objectif, réaffirmé par l'actualisation, en 2021, de la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale (RSDSN) de 2017, est de « conserver une capacité d'intervention nationale, couvrant le spectre d'intervention le plus large possible, du contre-terrorisme au conflit ouvert de haute intensité en passant par la réponse aux attaques hybrides ». Pour le dire de façon plus politique, la raison d'être de cet effort budgétaire est de permettre à la France d'assurer, en cas de besoin, la défense de son territoire et de ses citoyens, et de maintenir sa crédibilité en tant que puissance moyenne d'influence mondiale et d'équilibre.

Le directeur du Centre des études de sécurité de l'Institut français des relations internationales (IFRI), Élie Tenenbaum, a récemment rappelé que la menace de la force est bien souvent aussi importante que son usage, dans la lignée de Sun Tzu qui, dans L'Art de la guerre, démontre que le meilleur savoir-faire est de vaincre l'ennemi sans combattre. Ce principe de la dissuasion ne saurait être réduit au seul domaine nucléaire mais s'applique aussi dans le domaine conventionnel. Il nécessite de s'adapter à l'évolution des menaces pour y faire face et démontrer que l'on en est capable.

À l'heure où l'emploi désinhibé de la force, la violation du droit international et l'extension des champs de conflictualité sont redevenus des réalités palpables des relations internationales, les principaux acteurs internationaux – les États-Unis, la Chine, la Russie et la plupart des pays de l'OTAN – augmentent leurs dépenses de défense depuis plusieurs années. Leur total mondial avoisine désormais 2 000 milliards de dollars par an. L'évolution du contexte sécuritaire, résumée en termes choisis dans l'actualisation précitée de la RSDSN 2017, selon laquelle la possibilité d'un affrontement direct entre grandes puissances ne peut plus être ignorée, explique en grande partie cette progression, que l'on ne peut se résoudre à observer sans en tirer aucune conséquence.

Parce que nous devons pouvoir prévenir, dissuader, protéger et intervenir, nous nous félicitons de la croissance de votre budget et de ses priorités – la modernisation de nos équipements majeurs, les nouveaux champs de conflictualité, le cyber, l'espace, l'innovation, les petits équipements et ce que vous avez appelé le soutien « à hauteur d'homme », par le biais de l'amélioration des conditions de vie des militaires, en prêtant une attention particulière à leur logement et surtout à leur hébergement.

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