Merci en effet pour ces éclaircissements. En renonçant de manière unilatérale à ce qu'on a pu nommer le contrat du siècle, sous l'impulsion des États-Unis et du Royaume-Uni, l'Australie a fait bien davantage que manquer à ses engagements envers la société Naval Group. S'il n'est rien de plus précieux que la confiance qui doit régner entre alliés, il n'est de même rien de plus fragile : il est aisé d'y porter atteinte, mais la réparation des affronts qui lui sont faits réclame à la fois des efforts et du temps.
Les prémices de cette tâche de longue haleine, marquées par le déplacement en France du secrétaire d'État américain, avec lequel le Président de la République et vous-même vous êtes entretenus, montrent que le travail a commencé. Ces échanges de haut niveau sont doublement bienvenus, d'abord parce qu'ils permettent de vider efficacement la crise diplomatique, et parce qu'il serait inopportun d'occulter les autres dossiers dans lesquels une coopération forte avec les États-Unis demeure nécessaire.
Nous pouvons nous réjouir que, d'après le communiqué conjoint de l'Élysée et de la Maison-Blanche, Washington s'engage notamment à renforcer son appui aux opérations antiterroristes des Européens au Sahel et reconnaisse l'importance stratégique de l'engagement français et européen dans la région indo-pacifique.
Cette région est particulièrement importante pour notre pays, dont la zone économique exclusive se trouve en quasi-intégralité dans les océans Indien et Pacifique. La situation nous appelle donc à rester particulièrement vigilants quant aux évolutions des rapports géostratégiques que ne manquera pas de générer le pacte conclu entre les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni.
Enfin, la crise des sous-marins et la création de l'AUCUN démontrent plus que jamais la nécessité pour l'Union européenne de prendre des initiatives ambitieuses, à la hauteur des enjeux, pour assurer son autonomie stratégique sur le plan de la défense. Le communiqué conjoint fait explicitement état d'un renforcement d'une défense européenne complémentaire de celle de l'OTAN. C'est ce à quoi le Président de la République invite nos partenaires depuis son élection, en 2017. Nul doute que le sujet prendra une dimension particulière dans le cadre de la prochaine présidence française du Conseil de l'Union européenne.
De quelle manière notre pays entend-il faire de ces circonstances un levier politique pour convaincre nos partenaires européens de participer activement à la construction d'une défense européenne ? Quelle sera la place de l'OTAN dans ce processus ?
Comment notre pays et l'Union européenne seront-ils associés aux opérations qui seront effectuées dans le format AUKUS, et comment notre diplomatie et nos forces seront-elles employées compte tenu de l'évolution des rapports de force dans l'espace indo-pacifique ?
Enfin, quels rapprochements sont envisagés avec les pays de la région ?