Je commencerai par relayer un message que j'ai reçu. J'ai hésité à le faire car il est en totale opposition avec le rapport sur la politique d'approvisionnement du ministère des Armées en « petits » équipements que j'ai rendu avec M. Jean-Pierre Cubertafon. Je vous le lis, sans garantir sa véracité : « Mon fils s'est engagé depuis trois mois et cela pour cinq ans dans l'armée de Terre. Le souci, c'est que pour la cérémonie de la remise du képi, on lui a fait acheter un treillis neuf. Puis il est parti en manœuvre deux semaines à La Courtine où on lui a fait acheter un réchaud, un Ubas, un sac de couchage, une cagoule et un ceinturon, sous prétexte que l'armée ne posséderait plus de fonds pour les équipements. De plus, il paie une chambre 80 euros par mois, comprenant six soldats, et bien sûr, dans un bâtiment qui date de Mathusalem. Je trouve inadmissible qu'on traite nos soldats de cette manière, en sachant qu'ils nous défendent au péril de leur vie. Qu'ils se substituent eux-mêmes pour l'achat de leurs matériels est inacceptable pour une si belle institution ».
Par ailleurs, s'agissant des recrutements, il m'a également été rapporté des mesures abusives et discriminatoires. Les personnes souhaitant entrer dans l'armée sont soumises à une enquête de la direction du renseignement militaire (DRM) qui ne permet ni procédure contradictoire ni possibilité de recours. Or les résultats conditionnent non seulement l'acceptation du candidat mais aussi la nature des postes qui pourront lui être proposés et ses possibilités d'évolution dans la fonction militaire. C'est le cas avec la prise en compte d'une plainte déposée contre une jeune fille par une camarade de classe à la suite d'une rixe, reconnue non fondée et classée sans suite, entraînant l'exclusion de la candidate de certains métiers de l'armée.
Autre exemple discriminatoire : la prise en compte de la naturalisation, depuis vingt ans, d'une mère. Être un descendant de l'immigration présenterait donc un danger pour assurer les métiers administratifs et autres fonctions militaires alors que fleurissent des affiches de recrutement sur lesquelles toutes les origines sont représentées ? Les résultats de l'enquête, envoyés au conseiller du centre d'information et de recrutement des forces armées (CIRFA), justifient un réajustement des résultats d'évaluation et conditionnent le choix de la spécialité retenue. Cette procédure brutale provoque une forte incompréhension et un sentiment d'injustice chez les candidats. Ne pensez-vous pas que les appréciations formulées par la DRM devraient davantage respecter les droits de chaque individu et ne pas aboutir à des mesures discriminatoires qui, je le rappelle, sont illégales ?