Intervention de Jean-Louis Thiériot

Réunion du mercredi 15 décembre 2021 à 9h35
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Thiériot, rapporteur :

Je m'apprêtais à dire qu'il régnait presque une ambiance d'union sacrée. Précisément, Monsieur Chassaigne, nous demandons que la défense ne fasse pas l'objet d'une exclusion sectorielle, notamment concernant l'écolabel en projet, qui exclurait toute entreprise dont au moins 5 % du chiffre d'affaires est constitué par des activités de production ou de vente d'armes conventionnelles ou d'équipements militaires utilisés pour le combat. Nous considérons qu'à partir du moment où les entreprises respectent les règles progressives de transition, elles doivent pouvoir obtenir ce label. Nous ne sollicitons pas un traitement particulier de la défense mais, au contraire, l'inclusion de ces entreprises dans l'ensemble du système économique.

S'agissant de la création d'un pôle public bancaire, nous n'en avons pas repoussé l'idée dans les travaux que nous avons conduits avec Françoise Ballet-Blu. Celui-ci pourrait intervenir sous forme d'un fonds souverain pour acquérir des participations au capital des entreprises, que l'on ne peut pas mettre sur le marché au risque que des compétiteurs stratégiques ne mettent la main dessus, ou encore d'un financement bancaire. Cela présenterait toutefois une difficulté vis-à-vis des banques qui parviennent, malgré tout, à drainer de l'argent privé pour l'injecter dans l'écosystème de défense. Si on s'orientait vers ce dispositif, le prétexte serait tout trouvé pour que, demain, les marchés financiers et le système bancaire n'apportent plus un kopeck à notre industrie d'armement. La question mérite d'être examinée, mais la réponse n'est pas évidente. Nous avons entendu des avis très contradictoires – je ne parle pas nécessairement des banquiers, qui ne seraient finalement pas mécontents qu'on leur retire cette épine du pied.

Monsieur Meyer, la pénurie de main-d'œuvre affecte certains secteurs de niche ; on manque notamment de soudeurs et de techniciens dans le domaine électronucléaire et dans le secteur du câblage. Le GICAN et le Campus des industries navales essaient de combler les trous. L'apprentissage ne suffit pas. Certaines PME ont dû faire appel à des soudeurs polonais – mais pas pour les mêmes motivations que d'autres ont eu recours aux plombiers polonais. L'ensemble des industriels et la DGA traitent très sérieusement le problème.

Nous sommes le premier pays touché en Europe, du fait de l'importance de la BITD dans notre tissu industriel. La force motrice, en la matière, est constituée par le tandem franco-allemand – expression que je préfère à celle de couple franco-allemand, car, dans un tandem, il y a toujours quelqu'un qui tient le guidon. À cet égard, le nouvel accord de coalition n'est pas vraiment rassurant, notamment pour le grand export. Je ne pense pas qu'on puisse obtenir un soutien du gouvernement allemand, mais attendons de voir. Les milieux industriels allemands, quant à eux, sont très clairement à nos côtés.

Nous avons intérêt, me semble-t-il, à nous appuyer sur d'autres partenaires européens, notamment les Italiens, qui ont une véritable industrie de défense. Compte tenu du délai très rapide avec lequel nous avons élaboré cette proposition de résolution, afin qu'elle soit présentée au début de la PFUE, nous n'avons pas eu le temps de nouer des contacts avec nos homologues italiens, exception faite d'une conversation téléphonique que j'ai eue avec les industriels. Ces derniers sont très demandeurs d'une coopération. Les industriels belges semblent avoir la même position dans le cadre du contrat CAMO (capacité motorisée). Bref, ne nous laissons pas enfermer dans le tandem, ajoutons-y des remorques.

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