Concernant l'organisation cyber, le ministre, considérant que chacune des forces de sécurité intérieure devait y consacrer une partie de ses effectifs, nous a incités à développer nos travaux respectifs en la matière. Nous y travaillons ensemble et c'est ainsi que, dans le cadre de la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'intérieur (LOPMI), nous avons proposé la création d'une école cyber. Le directeur de la police a choisi de nous laisser la main pour la création de cette école avant de voir comment il s'y inscrira. L'avenir nous offre la possibilité de profiter les uns des autres. Statutairement, j'ai la chance de pouvoir recruter des « geeks » plus aisément que les forces de police.
Des questions se poseront de nouveau quant à l'organisation de la police judiciaire pour laquelle les magistrats sont à la manœuvre. Il demeure nécessaire d'avancer sur ce sujet. Il ne s'agit pas tant d'une question d'arbitrage que d'une volonté manifeste d'évoluer ensemble. Le niveau de sensibilisation cyber n'est pas particulièrement élevé. Nombreuses sont les personnes qui pensent ne pas risquer d'attaque. Or toute la population est menacée par ce type d'événement. Certaines fraudes cyber ne requièrent que peu d'efforts. Nous développerons les unités de cyberpatrouilleurs, c'est-à-dire des gendarmes qui circulent sur le dark web ou le web classique. Ils patrouillent pour détecter la vente de produits illicites ou des prédateurs de toute sorte. Nous devons persévérer dans notre effort de formation et avancer sur ce sujet.
Les DIAG sont élaborés sur la base d'éléments existants, ils s'appuient sur le statut militaire. Nous y associons un certain nombre de capacités : les véhicules blindés, les hélicoptères, le GIGN ou les escadrons qui travaillent ensuite ensemble. Avec le plan de relance et la LOPMI, nous disposerons d'un renouvellement des blindés qui seront construits en Alsace. À noter que les véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG) ont aujourd'hui plus de cinquante ans. Le prototype de ces nouveaux blindés sera bientôt disponible afin que nous puissions passer commande dès cette année. Les hélicoptères H-160 arriveront également en fin d'année 2023. Ils ont une capacité d'emploi exceptionnelle. Auparavant, nous projetions sur site quatre membres du GIGN et leur équipement dans des hélicoptères SA-330 « Puma » des armées ou avec nos EC-145. Avec le H-160, nous pourrons transporter entre dix et douze personnes. Ces hélicoptères permettront donc une augmentation de notre capacité de projection. La doctrine demeure celle de l'interopérabilité. Nous n'avons pas réellement de trou capacitaire étant donné que nous bénéficierons sous peu d'un remplacement particulièrement intéressant de nos moyens.
Nous pouvons améliorer le service à la population et, à ce titre, le dispositif en place en Haute-Saône est impressionnant. Il s'agit d'une belle démarche qui produit des effets. Je souhaite que nous poursuivions en ce sens. Les élus et les gendarmes ont des idées qu'il convient de mutualiser pour construire de nouveaux dispositifs. Il s'avère nécessaire de diffuser ces idées au plus grand nombre afin de nourrir d'autres initiatives. Dans ce cadre, l'erreur demeure possible et acceptable, c'est l'absence de mesures qui doit être combattue.
L'immobilier constitue un véritable sujet d'intérêt. Le système locatif fonctionne et les collectivités s'engagent. Les brigades territoriales sont en majeure partie sur du locatif. Toutefois, le système domanial demeure plus ardu car l'État n'a pas correctement entretenu son parc. Désormais, nous avons infléchi la trajectoire budgétaire. Il est nécessaire de continuer en ce sens. Je demeure optimiste.
Les territoires ne vivent pas tous de la même manière. Il existe des décalages dus notamment aux déplacements des populations et à la gouvernance. Nous donnons une direction depuis Paris. Ensuite, tout ce qui n'est pas interdit est autorisé.
Il n'existe pas de typologie particulière concernant le choix des communes où s'installeront les 200 nouvelles brigades. Il demeure nécessaire d'échanger avec les parlementaires à ce propos. Il s'agira de déterminer un nombre de brigades par région et, par la suite, de les installer en fonction de la construction du territoire. Le principe est de privilégier le milieu rural et l'utilité. Une des idées majeures demeure l'éradication des déserts de gendarmerie par des créations sèches ou le dédoublement de certaines circonscriptions présentation des ruptures territoriales. Les parlementaires disposeront d'un rôle important quant à l'application de ces dispositifs. La création de 200 brigades permettra de placer deux bridages par département. Toutefois, certains départements particulièrement urbanisés ne nécessitent pas d'avoir recours à ce type d'implantation. Pour être honnête, le fait de devoir décider de l'implantation de ces nouvelles brigades est un problème de riches auquel je suis heureux d'être confronté !
Nous nous sommes abonnés au plan Famille de la ministre des Armées qui vise à aider les familles de gendarmes. Lors du premier confinement, j'étais en contact avec des gendarmes alsaciens qui se trouvaient être parmi les premiers confrontés à la pandémie. Ces derniers avaient peur de contaminer leur famille du fait de leur présence constante sur le terrain. Nous essayons de mettre en place des dispositifs originaux concernant les mutations et les parcours de carrière afin que chaque gendarme demeure acteur dans l'orientation de sa propre carrière. Nous développons aussi des mesures originales avec certaines entreprises : AXA par exemple peut employer les conjoints de gendarmes et les muter comme nous le faisons au sein de la maison gendarmerie. Nous essayons de contractualiser les gendarmes envoyés dans des zones complexes, tandis que nous proposons des mesures RH adaptées. Le célibat géographique est en hausse et touche 24 % de nos effectifs. 83 % des ménages sont biactifs. Certaines régions sont davantage prisées que d'autres à l'instar de la Bretagne. Le taux de satisfaction atteint 80 % pour les officiers qui déménagent davantage que les sous-officiers.
Nous disposions de 6 000 caméras piétons au 1er janvier 2022. Nous en aurons 21 000 à la fin de l'année. Nous éprouvons des difficultés de connexion avec les anciens modèles. L'objectif est de disposer d'une caméra par patrouille, sachant qu'il y a 15 000 patrouilles par jour. À terme, il serait nécessaire que chaque gendarme dispose de sa caméra. Nous travaillons également à doter les véhicules de gendarmerie de caméras, ce qui serait particulièrement utile.
Concernant les violences intrafamiliales, nous avons obligation d'entamer une procédure. Les mains courantes informatiques font automatiquement l'objet d'un envoi au parquet, et les directives demeurent d'entamer une procédure en cas de violence intrafamiliale.
Madame Mirallès, je partage votre avis quant aux cadets. Il n'existe plus de service national et nos jeunes, pour beaucoup d'entre eux, sont perdus. Le dispositif des cadets reste exceptionnel, tout comme d'autres dispositifs dans les territoires qui nous permettent d'amener les jeunes vers l'institution et parfois vers la réserve. Nous disposons également de classes préparatoires intégrées, notamment à Paris, pour les concours de la fonction publique catégorie A. Dans le cadre de la LOPMI, des initiatives de ce type seront prises sur les territoires défavorisés. Les jeunes font preuve d'une grande volonté. A cet égard, je remercie nos réservistes citoyens qui encadrent les cadets.
J'ai d'ores et déjà évoqué la question de l'immobilier. Les objectifs n'ont pas encore été atteints mais nous sommes sur la bonne trajectoire.
En 2022, le budget de la réserve opérationnelle est identique à celui de 2021. Nous ne pourrons donc pas avancer davantage cette année. Toutefois, le budget de la LOPMI permettra une augmentation de cette réserve. Un effort de formation sera à réaliser, mais nous ne manquons pas de volontaires. Dans les zones touristiques, où l'on rencontre périodiquement une démultiplication de la population, il s'avère nécessaire de savoir adapter notre réponse. Les réservistes permettent de mieux fidéliser l'offre de sécurité sur un territoire, par rapport à des EGM qui peuvent être rappelés si la situation le nécessite pour être redéployés sur un autre point du territoire. L'année passée, et face à de nouvelles craintes d'attentats terroristes, nous avons engagé de nombreux réservistes. Cette augmentation soudaine de nos effectifs nous a menés à une cessation de paiement ponctuelle pour les mois de septembre et d'octobre 2021. Nous avons pu réinjecter du budget cette année, il faut noter que nous affectons 70 % du budget dès le début d'année et conservons une partie pour pouvoir faire face en cas de crise particulière. Nous pensons que cette part doit être augmentée.
Si les gendarmes ne prennent pas leurs vacances en temps voulu, cela peut poser des problèmes. Localement, cela s'organise correctement. Depuis Paris, je ne souhaite pas édicter des règles qui ne seraient pas pertinentes localement.
Les 300 kilomètres de distance que les charges des véhicules électriques permettent de parcourir ne sont pas suffisants à certains endroits. Les gendarmes n'étaient pas favorables à leur introduction dans le parc. Désormais, la satisfaction est globale. Dès lors que l'offre sera suffisante pour répondre totalement à la demande, nous tendrons intégralement vers l'acquisition de véhicules électriques car il existe une véritable appétence de nos gendarmes pour ce type de véhicules. Je dispose d'un véhicule hybride comme véhicule de service. J'utilise uniquement le mode électrique lorsque je me déplace dans la capitale. Quoi qu'il en soit, nous avons converti tous nos gendarmes à cet usage et nous continuerons. Les patrouilles effectuent plus de 80 kilomètres en moyenne par jour. Il existe une forte attente en interne de moins polluer. À ce titre, je précise que nous recyclons les crottins de cheval de la Garde républicaine.
S'agissant du travail avec les collectivités, nous devons apporter un éclairage, une forme d'audit pour prévenir la vulnérabilité cyber et orienter vers des professionnels. Nous avons créé un auto-diagnostic pour les collectivités nommé « immunité cyber ». Les élus répondent à un questionnaire et obtiennent ainsi une idée de leur vulnérabilité cyber. Nous rencontrons des attaques de mairie tous les jours.