Pour ma part, je ne suis pas inquiet de l'éventuelle implication de la France dans un conflit gréco-turc, dans le cadre du partenariat conclu avec la Grèce.
L'accord de défense signé avec la Grèce comporte deux volets : l'un capacitaire, l'autre sur la réassurance. Le volet capacitaire vise à permettre à la Grèce de rattraper le retard capacitaire qu'elle a pris à la suite de la crise financière, en renforçant ses capacités de dissuasion à l'égard du rival turc dans un contexte de fortes tensions régionales. Le volet sur la réassurance est quant à lui illustré par la clause d'assistance mutuelle contenue dans cet accord de partenariat. Par une telle clause, la France réaffirme la prédominance de la solidarité européenne, face à la neutralité que l'OTAN garde vis-à-vis du conflit gréco-turc, les deux pays étant membres de l'Alliance. Par cet accord, nous contribuons donc à l'édification d'une véritable Europe de la défense et, à titre personnel, je m'en félicite.
Quant au risque d'entraînement dans un conflit, il faut être prudent, mais nous n'y croyons pas. Pour que cette clause d'assistance mutuelle soit activée, encore faut-il que les deux parties aient la même lecture d'un incident et le qualifient d'« agression armée ». Il faudrait en conséquence un incident de très grande ampleur. En revanche, on peut penser que le caractère dissuasif de cet accord de défense mutuelle, notamment à l'égard de la Turquie, participe à la désescalade en Méditerranée orientale.