Intervention de Roger Genet

Réunion du mercredi 10 juin 2020 à 14h10
Commission d'enquête chargée d'évaluer les recherches, la prévention et les politiques publiques à mener contre la propagation des moustiques aedes et des maladies vectorielles

Roger Genet, directeur général de l'Anses :

Il ne m'appartient pas de juger le bilan produit par mes collègues de l'IRD et du CNEV.

Avec un regard extérieur, et je crois que le rapport d'inspection de 2014 le souligne très bien, nous pouvons dire que cette activité a permis de structurer des forces de recherche publique et des experts des services de lutte anti-vectorielle pour produire des avis, notamment sur l'efficacité des dispositifs de lutte anti-vectorielle ou d'autres questions plus fondamentales, de mobiliser les équipes de recherche publique pour aborder cette question, notamment à l'IRD ou au Cirad, mais comme ce sont des unités mixtes, également des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ou d'autres universités.

De fait, nous constatons aujourd'hui que lorsque nous lançons un appel à projets de recherche sur la question des vecteurs, nous avons beaucoup de réponses. Cette structuration de la communauté a permis de fédérer une communauté, de les intéresser au sujet et de diriger leurs travaux sur les questions des vecteurs, des maladies vectorisées et de la lutte anti-vectorielle.

Indéniablement, le CNEV a eu une action extrêmement positive pour fédérer la communauté de recherche. Je pense qu'il faudrait demander aux gestionnaires de risques, le ministère de la Santé, Santé Publique France, ce qu'ils pensent des avis qui ont été rendus pour leurs propres actions. Globalement, dans le rapport d'inspection de 2014, je n'ai pas vu de critiques sur la qualité des avis qui ont été rendus, mais plutôt des inquiétudes portant sur une structure souple et assez localisée sur les questions autour de la bordure méditerranéenne, fédérant des équipes sur un cercle restreint autour de Montpellier et Marseille, et cantonnée à la question de la santé humaine et de la santé animale.

L'objectif de ce transfert a été d'une part, de séparer les questions d'évaluation de risques des questions de mise en œuvre des scénarios de gestion de la lutte anti-vectorielle, de façon à éviter tout conflit d'intérêts, puisqu'elles ne donnent pas à voir des gens impliqués dans les scénarios de lutte, qui interfèrent sur l'évaluation du risque ou des scénarios, même s'ils sont bien entendu auditionnés par nos comités d'experts.

D'autre part, il s'est agi d'accentuer le bassin de recrutement de façon à avoir un organisme national qui puisse mobiliser tous les experts du domaine, et pas seulement ceux autour de la région méditerranéenne, sachant que nos propres laboratoires, notamment à Maisons-Alfort, ou ceux de l'INRAE qui travaillent sur l'éthique ou d'autres maladies vectorisées étaient très peu sollicités par le CNEV. Cela a donc permis d'avoir une mobilisation de l'ensemble des experts du domaine et d'étendre la question de la lutte anti-vectorielle et des vecteurs d'une approche de la santé humaine vers la santé animale, végétale et environnementale.

Ce sont ces recommandations du rapport d'inspection qui ont conduit les ministères à demander à l'Anses d'assumer cette nouvelle mission avec un léger renforcement des moyens du ministère de l'Agriculture qui a augmenté sa contribution pour qu'elle soit équivalente à celle du ministère de la Santé. Le budget est passé de 410 000 euros en 2017 à 540 000 euros aujourd'hui ; ce qui nous a permis de financer des travaux par des conventions de recherche que nous passons avec les équipes de recherche, notamment celle du Vectopole montpelliérain, pour produire des connaissances qui seraient utiles aux travaux d'expertise pour lesquelles nous sommes saisis.

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