Oui, absolument, vous avez raison de souligner ce point.
Si effectivement aujourd'hui nous n'avons pas les outils d'évaluation, nous avons quand même des données sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour travailler. Que ce soit à La Réunion ou aux Antilles, il existe des systèmes d'information qui ont été développés à la fois par les services de lutte anti-vectorielle, mais également par Santé Publique France, qui permettent d'avoir des bases de données dans le domaine de l'entomologie et de l'épidémiologie, de les rendre interopérables, de les fusionner et de pouvoir les utiliser pour pouvoir réaliser des évaluations.
Au sein du groupe de travail, nous avons d'ailleurs proposé de faire un travail de collaboration avec les équipes de La Réunion dans le cadre d'un contrat de recherche et développement, qui a été confié à l'IRD, pour pouvoir faire ce travail que les opérateurs n'ont pas le temps de faire ou n'ont pas forcément toujours les compétences requises ou les bases scientifiques pour le faire, de travailler en collaboration avec eux pour exploiter de manière approfondie ces bases de données qui ne vont pas forcément répondre à toutes les questions que nous nous posons, mais qui sont très riches et qui devraient permettre de jeter les bases des premières approches d'évaluation des actions.
Ce travail est en cours, il a été lancé et nous travaillons de manière étroite avec La Réunion, ce qui devrait nous permettre, par exemple, d'évaluer l'efficacité des pulvérisations nocturnes. Est-ce vraiment efficace en période épidémique ou pas ? Aujourd'hui, nous n'avons pas la réponse. Est-ce qu'il vaut mieux aller intervenir sur tous les cas biologiquement confirmés uniquement ou faut-il intervenir sur les cas groupés de cas cliniquement évocateurs ? C'est une deuxième question, par exemple, sur laquelle nous n'avons pas de réponses claires aujourd'hui.
Il s'agit bien effectivement, dans l'ensemble des actions qui sont mises en œuvre par la lutte anti-vectorielle, d'aller identifier celles qui sont les plus efficaces en termes de réduction de l'incidence de la maladie, mais également en termes de mobilisation des moyens qui sont nécessaires. Est-ce qu'aujourd'hui, la mobilisation sociale par les activités de porte-à-porte, par la mobilisation communautaire est quelque chose qui est plus efficace, par exemple que la lutte anti larvaire ? C'est quelque chose qu'il faut aussi comparer.
Avec ces données, je pense que nous allons pouvoir commencer à avoir des éléments de réponse qui vont aider les opérateurs de demain à avoir des stratégies beaucoup plus ciblées, beaucoup plus efficaces.