En complément de la note de cadrage, posant des éléments de réflexion dont le contenu mérite encore bien sûr d'être complété, amendé et discuté entre nous, je souhaite rappeler les grandes lignes expliquant pourquoi nous avons souhaité créer cette commission d'enquête, dont l'objectif est bien de d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans notre PIB et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser, dynamiser, renforcer, développer l'industrie, notamment celles du médicament et plus largement autour de la santé.
Il faudra effectivement passer par un premier temps d'analyse, pour identifier les causes de désindustrialisation, celles de la note de Patrick Arthus à laquelle il est fait référence dans la note de cadrage, mais ce n'est pas le seul analyste de de la situation. Ensuite, il nous faudra basculer assez vite vers les mesures précédemment engagées, les solutions à apporter pour remédier à cette réalité. Forcément lorsque l'on parle de désindustrialisation, la question de la temporalité de notre étude se pose : dans une discussion préalable avec le président, nous avons proposé d'étudier cette question sur un temps assez long pour éviter, au moins dans cette phase de constat, les polémiques.
Le constat aujourd'hui reste sans appel : la part occupée par l'industrie dans la production de richesses en France se relève inférieure à la moyenne européenne – 15,9 %, alors qu'à titre de comparaison, l'industrie compte pour 25,8 % du PIB en Allemagne dont 21 % pour l'industrie manufacturière et près de 20 % du PIB en Italie et 16 % en Espagne. La France se présente comme l'économie quasiment la plus désindustrialisée du G7, avec celle du Royaume-Uni.
Nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette situation parce que les conséquences directes de cette faible part de l'industrie dans le PIB national, corrélée au déficit de notre balance commerciale, se traduisent par un décrochage d'un certain nombre de territoires et la disparition d'emplois qualifiés et non qualifiés. Nous avons globalement une perte d'attractivité de certains territoires et surtout l'absence de perspectives qui qui en découlent, comme un éloignement progressif d'un certain nombre de services publics. Cette désindustrialisation a donc des conséquences économiques, sociales et politiques profondes dans nos territoires.
Cela doit nous amener nous obliger à repenser les schémas traditionnels qui ont conduit à ce que certains appellent le grand déménagement du monde : nous l'avons vu avec notamment la crise sanitaire et aujourd'hui avec la pénurie de nombreux matériaux comme les semi-conducteurs qui impactent nos sociétés, nos territoires productifs, nos industries et in fine notre souveraineté économique. Cette dépendance qui s'est construite au fil du temps ; les différentes auditions que nous pourrons mener nous permettront d'affiner ce constat et d'envisager les mesures à prendre.
Nous devons appréhender le phénomène de désindustrialisation sous deux angles : d'une part, le problème des ressources et des faiblesses intrinsèques de notre industrie et d'autre part, l'impact de l'environnement national et international dans lequel vit l'ensemble du secteur industriel, et notamment le secteur de la pharmacie et de la santé.
Nous aurons à identifier la capacité d'innovation et de valorisation de la recherche et de développement dans l'industrie française.
Ensuite, nous aurons à regarder les conditions du développement des industries françaises à l'international, le problème d'une relative dépendance et le déficit de notre balance commerciale.
Nous verrons ensuite l'efficacité des politiques publiques en faveur de de l'industrie française mais pour l'instant, gardons-nous de tracer des conclusions anticipées.
Vous avez une liste de propositions d'auditions, mais nous serons très attentifs, le président et moi-même, à tenir compte de vos suggestions, dans les délias qui nous sont impartis.
Les premières auditions seront organisées de manière assez classique avec une approche qui va nous aider à dresser un constat et donc une approche globale, en ayant des auditions d'économistes et de spécialistes de l'industrie, et en confrontant leurs idées. Dans un deuxième temps nous aurons une vision peut-être plus sectorielle, avec notamment la focale que nous souhaitons mettre notamment sur l'industrie de santé, avec la possibilité de faire des déplacements, notamment à Bruxelles pour pouvoir auditionner plusieurs responsables européens.
Pour le groupe Socialistes et apparentés, il était important de réfléchir collégialement sur cette sur cette question : il s'agit d'une commission d'enquête et non pas d'une mission d'information, donc nous avons les moyens, les possibilités d'aller interroger qui nous souhaitons et de faire des propositions novatrices concrètes pour permettre la réindustrialisation durable et soutenable de nos territoires. Je suis heureux et impatient de pouvoir commencer nos travaux.