La désindustrialisation est assez largement inévitable. Elle relève de la dynamique de productivité. Même en redéfinissant le secteur industriel, nous ne retrouverons pas les emplois perdus dans la sidérurgie ou l'industrie automobile. Ces industries emploieront de moins en moins de main d'œuvre et ne feront pas appel aux mêmes technologies. Ce n'est donc pas ainsi que l'on pourrait imaginer un retour à l'âge glorieux de l'industrie française. Le tissu industriel français sera forcément différent de celui que nous avons pu connaître.
Pour expliquer les performances relatives de la France par rapport à d'autres pays, notamment l'Allemagne, on peut évoquer la spécialisation. Chaque pays ne peut pas produire tous les types de biens imaginables dans une économie globalisée. L'Allemagne est un champion industriel et la France est un champion de l'industrie des services. Ces services emploient de nombreux salariés, produisent une forte valeur ajoutée et génèrent de la croissance. Nous pouvons difficilement imaginer avoir un secteur industriel et un secteur des services robustes simultanément car les capacités de financement ne sont pas infinies, ni les ressources en ingénieurs – dont notre secteur financier important est fortement demandeur.
Les dépenses de R&D représentent un peu plus de 3,19 % du PIB en Allemagne, 3 % aux États-Unis ou 3,35 % en Chine, alors qu'en France, nous en sommes à seulement 2,19 %. Cela fait un certain nombre d'années que la Chine investit davantage dans l'innovation par rapport à son PIB – PIB qui est d'ailleurs bien plus élevé que celui de la France. De même, le niveau de dépenses publiques françaises dans l'enseignement supérieur et technologique affiche un certain retard.
En conclusion, les principales causes structurelles de la désindustrialisation sont à mon sens la spécialisation et le manque d'investissement dans les moteurs de croissance et d'innovation.