L'objectif de cette commission d'enquête n'est absolument pas de restaurer l'industrie française des années 1950 mais de réduire notre fragilité en matière d'aménagement du territoire et de souveraineté. Là encore au niveau de l'emploi, nous devons nous orienter vers les emplois du futur.
L'expression « politique industrielle » n'était pas seulement bannie à la Commission européenne, certains partis politiques français y étaient également fort hostiles.
La réindustrialisation devra naturellement intervenir dans une optique de développement durable et de respect des ressources naturelles.
Vous avez souligné la place prépondérante des très grandes entreprises par rapport aux PME en France. Or, les multinationales ne sont ni patriotes, ni philanthropes : elles vont produire là où c'est le moins cher.
L'effort de recherche et développement a certes augmenté dans les années 2000 mais cela reste insuffisant. Le secteur de la finance capte les esprits les plus brillants. Je ne vois guère pourquoi ils iraient faire de la recherche en mécanique s'ils peuvent gagner six fois plus à travailler sur des algorithmes financiers. Nous devrons donc trouver le moyen de restaurer l'attractivité de certains secteurs.
Le modèle allemand n'est-il pas finalement révélateur d'une approche différente du capitalisme entre la France et l'Allemagne, la première répondant à des logiques plutôt financières et la seconde correspondant à un capitalisme plus « patriote » ou territorial ?
Il me semble également que les investisseurs institutionnels sont relativement frileux lorsqu'il s'agit de financer le développement des entreprises innovantes en France. Ils ignorent même parfois l'existence de certains secteurs d'activité et notamment celui des usages numériques. Certaines entreprises françaises s'introduisent en bourse aux États-Unis car elles ne trouvent même pas de banque pour les financer. Peut-être pourrions-nous agir au niveau de la formation des analystes financiers. Cela permettrait à nos entreprises françaises de grandir avec des capitaux français.