La montée en gamme me semble être à peu près la seule voie de sortie pour l'industrie française. Comment l'assurer ? C'est bien là le fond du problème. Tout à l'heure, j'ai fourni des données de R&D. Dans la zone germanique, les dépenses de recherche et développement par personne sont deux fois plus importantes qu'en France. L'écart correspondrait à 25 milliards d'euros si nous voulions être au même niveau que l'Allemagne.
L'autre problème est la formation, et nous nous heurtons à des difficultés. Nous sommes très mal classés par le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) au sujet du niveau scolaire en mathématiques. Parmi les trois pays en tête figure la Pologne (en compréhension, en mathématiques et en sciences). L'industrie française manque de personnes formées pour opérer cette montée en gamme. La recherche et développement et la formation sont les deux facteurs essentiels. Or la situation française est dramatique pour la formation. Dans les années 2000, l'Allemagne a provoqué un choc en mettant en place un ensemble de mesures pour moderniser son enseignement. La Pologne et les pays nordiques sont en tête de classement. Ils ont réussi grâce à la décentralisation de la formation – les directeurs d'école ont une plus grande autonomie – et la formation des enseignants – pour les préparer aux nouvelles technologies.
Nous dépensons presque un point de PIB de plus que l'Allemagne dans l'éducation nationale. Pourtant, les professeurs allemands sont deux fois mieux payés et le taux d'encadrement des élèves est supérieur à celui de la France. Des milliards d'euros se seraient-ils évaporés quelque part ? C'est un grand mystère pour moi…