Intervention de Anaïs Voy-Gillis

Réunion du mercredi 22 septembre 2021 à 18h00
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Anaïs Voy-Gillis, chercheuse associée au centre de recherche sur les économies et sociétés des arts et des techniques de l'Université de Haute Alsace, et consultante :

La question de la compétitivité peut être examinée sous deux angles : soit nous ne sommes pas suffisamment compétitifs, soit nous ne produisons pas les produits qui nous permettraient de l'être, vis-à-vis de notre structure de coûts. Nous avons tendance à fabriquer des produits de bas de gamme ou de moyenne gamme, et nous sommes soumis à de fortes tensions par rapport à d'autres pays où le coût du travail est moins élevé.

Nous avons certes fait des efforts à cet égard, mais nous avons tendance à procéder à des corrections à la marge lorsque nous souhaitons procéder à des réformes structurelles. C'est le cas, par exemple, dans un contexte de baisse des dotations aux collectivités territoriales, ces dernières ont moins de moyens. Mais de manière générale, le CICE ne profitait pas véritablement à l'industrie ; et de nouvelles taxes ont été créées par ailleurs. Si nous voulons nous attaquer à ce problème de compétitivité, il faudra remettre à plat le schéma de fiscalité, en nous posant les questions du taux de la TVA, de la taxation du travail, du capital, etc.

La capitalisation des grands groupes français représente une faiblesse car elle est de moins en moins détenue par des investisseurs français. Des ETI sont également détenues par des fonds étrangers. C'est un problème en cas de crise, quand le fonds cherche à repositionner ses actifs : en l'absence d'actionnaires français, les arbitrages ont alors tendance à être opérés au détriment de la France.

Quant au dialogue social, même si des possibilités existent dans ce domaine, le taux de syndicalisation en Allemagne est sans commune mesure avec ce que l'on observe en France. Les syndicats français ne sont plus représentatifs et la mise en place de la cogestion ne résoudra donc pas forcément notre problème. Nous pourrions envisager un système d'adhésion obligatoire pour pouvoir bénéficier des accords de branche. Des dispositifs existent dans certains pays.

On peut s'intéresser au cas allemand, qui est très intéressant. L'Allemagne a été grandement favorisée par sa proximité avec l'Europe de l'Est, ce qui en fait une force. Nous n'avons pas su mener la même intégration avec les pays du Maghreb mais nous avons d'autres pistes à examiner et d'autres exemples qui peuvent nous intéresser comme la Suisse, l'Italie (pays caractérisé par une prédominance de PME et aux exportations robustes), la Suède (pour la formation). Nous ne devons pas nous contenter de copier le modèle allemand car nous avons notre propre histoire. À partir des forces des autres, créons notre propre schéma, car le copier-coller ne marche pas.

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