J'ai l'impression qu'un consensus se dégage à propos d'une divergence de coûts entre la France et l'Allemagne dans les années 2000. Il semble par ailleurs que les grands groupes aient eu tendance à produire au niveau des marchés de destination plutôt que sur le territoire français. La divergence de la dynamique du coût du travail a pu inciter ces grands groupes à délocaliser et à produire à proximité des marchés de destination et à moindre coût. Les deux explications ne sont donc pas incompatibles.
S'agissant de la question du tissu industriel, certes, nous ne bénéficions pas du Mittelstand allemand, mais nous pouvons noter que la France est le pays qui a connu la plus forte attrition de ses entreprises industrielles de plus de 20 salariés par rapport à ses principaux voisins. Cette tendance à la disparition concerne aussi les entreprises de 20 à 250 salariés et pas seulement les grands groupes. Au niveau de tous les indicateurs, nous observons une dichotomie par rapport à nos voisins.
Nous avons effectivement comblé le retard par rapport à l'Allemagne en termes de coût unitaire du travail, ceci résultant à la fois des allégements (CICE et pacte de responsabilité) et de la dynamique intrinsèque salariale allemande. Il n'en demeure pas moins que les impôts de production ne figurent pas dans les coûts salariaux unitaires mais pèsent sur les coûts de production. Si nous voulons rapidement récupérer un peu du terrain perdu, nous pouvons chercher à abaisser nos coûts en dessous de ceux de l'Allemagne.
En termes de péréquation budgétaire, nous sommes dans une situation atypique en zone euro : notre taux de prélèvement obligatoire est le plus élevé car nous présentons le radio de dépenses publiques le plus important. Nous devons assurer la soutenabilité de nos finances publiques, si bien que pour pouvoir abaisser les prélèvements obligatoires sur les coûts de production, il faudrait idéalement pouvoir identifier des sources d'économies budgétaires, comme la TVA sociale ou le CICE, mais les effets nets sont forcément décevants. Il faut alors trouver des sources d'économies de dépenses publiques qui soient le moins nocives possibles à la croissance. Il ne s'agit pas forcément de réduire les effectifs de fonctionnaires, on peut envisager des réformes macro-budgétaires au niveau des dépenses de transfert comme les retraites.
Je rejoins Xavier Ragot dans ses observations sur la culture des négociations au plus près de l'entreprise.