S'agissant de la question de la compétitivité, cela fait une dizaine d'années que nous avons basculé vers une politique de l'offre, le mouvement ayant été enclenché avec la réforme de la taxe professionnelle sous Nicolas Sarkozy. Nous avons lancé le CICE, le pacte de responsabilité et nous avons réformé le marché du travail (loi du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels) pour gagner en compétitivité. De l'autre côté, les investissements privés et publics cumulés sont supérieurs à ceux de l'Allemagne. Donc on ne peut pas dire qu'on désinvestit, puisqu'on accumule du capital productif. Au cours des années 2000, nous avons perdu l'équivalent de six points au niveau du taux de marge du secteur exportateur par rapport à l'Allemagne. L'effet de levier principal pour l'Allemagne était l'abaissement des coûts salariaux unitaires. La mie en place du salaire minimum en Allemagne et les revalorisations salariales ont ensuite provoqué un rapprochement des indicateurs français et allemands. L'argument des coûts salariaux n'est donc plus réellement valable. En revanche, nous remarquons que nous investissons beaucoup, mais nous investissons surtout dans l'immatériel en France (logiciels, bases de données) mais beaucoup moins dans les biens d'équipement. Le problème est que ce capital immatériel se déprécie rapidement, ce qui impose de maintenir un taux d'investissement élevé pour le maintenir. Le taux d'investissement n'est donc pas un indicateur pertinent. S'agissant en revanche de l'investissement net des dépréciations, nous sommes en dessous de l'Allemagne. Quant au taux de marge des exportations net des dépréciations, nous accusons un retard de 12 points par rapport à l'Allemagne. La stratégie d'investissement dans l'immatériel ne semble pas produire de résultats conséquents.