Le phénomène que vous évoquez est très marqué. Ce que l'on voit c'est que les services ont un contenu en emploi qui est très fort par rapport à l'industrie, qui est beaucoup plus capitalistique. Le CICE était censé favoriser la compétitivité et l'emploi, deux notions qui ne sont pas forcément compatibles. La compétitivité peut s'obtenir par la montée en gamme, par des investissements productifs, par la robotisation, mais le levier positif sur l'emploi n'est pas immédiat. Les mesures consistant à abaisser les coûts salariaux, notamment au niveau des bas salaires, bénéficient principalement au secteur des services sachant que le coût du travail est généralement supérieur dans l'industrie.
Ces niveaux de salaires pourraient donner de l'attractivité au secteur industriel mais l'historique des destructions massives d'emplois au cours des quarante dernières années n'incite guère les étudiants à choisir ces filières. L'industrie recommence aujourd'hui à créer des emplois et l'objectif sera de structurer le système éducatif pour satisfaire ces besoins d'emploi. Nous voyons déjà des tensions apparaître dans certaines filières de recrutement, alors même que les salaires peuvent sembler plus attirants. Il y a donc tout un écosystème à repenser, de la formation jusqu'à la production.