Tout d'abord j'insiste sur le fait que l'expression « industrie du futur » ne renvoie pas à l'idée de créer des métiers complètement nouveaux. Ce n'est pas parce que nous misons sur les industries du futur que nous n'aurons plus besoin de produire de l'acier, en France ou ailleurs.
Étudions deux stratégiques opposées, mises en place dans les années 1990. L'Allemagne a décidé de soutenir son industrie, qui se revendique comme un pays site de production, et le Royaume-Uni son secteur des services, en attirant les investissements étrangers. La France a opté pour un modèle hybride, si bien que nous n'avons pas vraiment développé les services financiers. Paris n'est pas aujourd'hui une place financière aussi importante que Londres et nous n'avons guère de GAFA français. Et on se désindustrialise.
L'acceptabilité des usines passe par l'acceptation des risques inhérents à l'industrie. Il est impossible de développer l'industrie sans devoir gérer les risques associés, alors que le principe de précaution en France est beaucoup trop fort. Délocaliser à l'autre bout du monde toutes les productions dont nous ne voulons pas en France n'est d'ailleurs guère responsable sur le plan environnemental car, sur le temps long, cela contribue au réchauffement climatique.
Les hommes politiques parlent de l'industrie mais enverraient-ils leurs enfants travailler à l'usine ? Pour que l'industrie redevienne attractive, nous devrons mettre en valeur les métiers industriels. Nous avons besoin de construire un nouveau compromis national autour de l'industrie, comme l'Allemagne l'a fait avec son programme Industrie 4.0. On peut changer de majorité, le projet reste d'actualité. C'est ce que nous devons chercher à créer par le dialogue.