Les grands groupes sont positifs pour l'économie domestique à condition de ne pas se comporter comme des prédateurs de leur écosystème. Je citerai l'exemple des délais de paiement. La loi n° 2008-776 du 4 août 2008 de modernisation de l'économie, dite « loi LME », a résolu certains problèmes mais pas tous. J'ai accompagné des industriels français qui travaillaient à la fois avec des entreprises allemandes et françaises et alors que les premières paient en trois jours, les secondes sont souvent en infraction avec la loi LME. Ce n'est qu'un exemple de politique anticoncurrentielle parmi tant d'autres.
Notre écosystème bancaire est assez différent de celui de l'Allemagne ou de l'Italie puisque nos banques sont assez averses au risque. Je citerai l'exemple de l'achat d'un laminoir pour un ou deux millions d'euros qui s'intégrait à une stratégie de croissance et qu'aucune banque française n'acceptait de financer. De même, les investissements sont plus simples à trouver pour des start-ups de livraison de pizzas que pour des start-ups industrielles. Or, nous avons besoin de ce type d'entreprises si nous voulons réussir le pari de réindustrialiser la France.
Les investissements sont relativement importants en France mais encore faut-il investir dans les bonnes machines. Rappelons également que notre outil productif est plutôt vieillissant. Je citerai l'exemple d'un industriel de la filière du bois qui a acheté une machine capable de produire des panneaux en grande série mais qui n'était pas adaptée pour les productions en petite série, lui faisant perdre du temps lors des changements de format. Un autre exemple : celui d'un industriel de l'agro-alimentaire qui a acheté une machine onéreuse qui s'est avérée complètement inopérante en raison de la viscosité trop importante des fruits. Les statistiques ne reflètent pas toujours la pertinence des investissements mais seulement leur niveau.