L'aspect le plus frappant de la désindustrialisation française réside dans l'ampleur de ce déclin industriel. Depuis les années quatre-vingt, l'emploi industriel a été divisé par deux ; la part de l'industrie dans la valeur ajoutée a reculé de dix points pour s'établir à 13 % actuellement, alors que dans d'autres pays, cette part s'est globalement stabilisée à un niveau beaucoup plus élevé : autour de 25 % en Allemagne et au Japon, 20 % en Italie, environ 16 % en Espagne. La France est le pays du groupe des sept (G7) le plus désindustrialisé, à égalité avec le Royaume-Uni.
Nous avons caractérisé la désindustrialisation française dans trois périmètres statistiques alternatifs qui tiennent notamment compte du fait que l'industrie et les services sont très imbriqués et qu'ils forment une sorte d'écosystème : l'industrie au sens large. Cependant, quel que soit le périmètre statistique utilisé, le constat est identique : l'industrie recule depuis plusieurs décennies. La France fait partie des économies avancées les plus désindustrialisées. Cette désindustrialisation a eu des effets négatifs et durables sur le revenu et sur la qualité de l'emploi dans de nombreux territoires ainsi que des conséquences sur les gains de productivité. Enfin, cette désindustrialisation s'est traduite par un déficit commercial chronique qui a induit une forme de dépendance aux importations pour de nombreux produits critiques.