En effet, cette désindustrialisation inquiétante s'explique avant tout par le déficit de compétitivité-coût qui est apparu au début des années 2000. Elle a engendré un cercle vicieux, identifié dans le rapport Gallois, à savoir que, face à l'augmentation de leurs coûts de production et pour résister à la concurrence internationale, les entreprises industrielles ont préféré comprimer leurs marges plutôt que d'augmenter leurs prix, au détriment de leurs investissements et de leur montée en gamme. Dès lors, ce déficit de compétitivité-coût aurait contribué à générer un déficit de compétitivité hors coût en parallèle d'insuffisances sur la recherche et développement (R&D).
Ce déficit de compétitivité-coût s'explique notamment par une nette augmentation des coûts salariaux dans le secteur abrité de la concurrence internationale, fournisseur important de l'industrie, dont les prix ont augmenté, ce qui a contribué à renchérir les coûts de production de l'industrie.
Les coûts salariaux internationaux se sont nettement resserrés au cours de la dernière décennie, notamment vis-à-vis de l'Allemagne.
Toutefois, la seconde composante de la compétitivité-coût, la fiscalité, a augmenté jusqu'à récemment. Non seulement la part de valeur ajoutée représentée par les prélèvements obligatoires est plus élevée dans l'industrie que dans les autres secteurs de l'économie française (28 % versus 24 %), mais ils sont également plus élevés qu'en Allemagne (10 %), soit un différentiel de onze points qui représentent environ vingt-cinq milliards d'euros supplémentaires qui pèsent sur l'industrie. En tenant compte des crédits d'impôt, ce différentiel s'élève à 8,2 points.
Dès lors, les multinationales ont en partie compensé cette augmentation des coûts de production par des délocalisations à l'étranger. En effet, pour cent emplois industriels sur le sol français, on compte en moyenne soixante-deux emplois industriels dans les filiales à l'étranger ( versus cinquante-deux au Royaume-Uni, trente-huit en Allemagne et vingt-six en Italie).