Intervention de Rémi Lallement

Réunion du mercredi 29 septembre 2021 à 14h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Rémi Lallement, chef de projet :

Nous avons mené des travaux d'évaluation des impacts de la politique des pôles de compétitivité. Les résultats sont globalement positifs, notamment quant à la capacité de la politique des pôles de compétitivité à susciter auprès des entreprises bénéficiaires un surcroît d'effort de R&D. Ce constat est encourageant. Il convient néanmoins de rester prudent parce que ces études économétriques ne sont pas encore parvenues à identifier d'impacts en aval de la R&D, c'est-à-dire l'innovation et l'activité économique proprement dite des entreprises. En outre, les données dont nous disposions étaient antérieures à 2012 alors que la politique des pôles de compétitivité a été lancée au milieu des années 2000, que les pôles ont été mis en place en 2006 et que les projets s'étendent sur plusieurs années avant de parvenir à d'éventuels dépôts de brevets. Dès lors, nous rencontrons des difficultés à identifier des impacts avec les outils économétriques.

Pour autant, il est probable que les pôles de compétitivité jouent un rôle important, notamment dans la structuration des écosystèmes territoriaux d'innovation, dans une logique ascendante, qui complète la politique nationale. Cette dernière a en effet tendance à focaliser l'effort sur un nombre réduit de priorités afin de ne pas disperser les fonds publics. Cette logique complémentaire va dans le sens de l'histoire à la faveur du mouvement de décentralisation. Il convient dorénavant d'organiser une articulation efficace entre la politique nationale et les efforts portés par les régions puisque les collectivités territoriales participent de manière croissante au financement des pôles de compétitivité.

On attend des résultats assez spectaculaires de la politique nationale, notamment en ce qui concerne les innovations de rupture, c'est-à-dire les innovations radicales qui produisent des impacts de grande ampleur. Or, ce n'est pas réellement l'objet de la politique des pôles de compétitivité ni probablement des territoires d'industrie, bien que nous ne les ayons pas encore évalués, faute d'un recul suffisant. Il convient de mener les deux logiques en parallèle ainsi qu'en prenant en compte l'innovation plus incrémentale des écosystèmes territoriaux qui permettent de construire un vivier d'entreprises à l'échelle du territoire sur lequel peuvent s'appuyer d'autres acteurs, y compris des grandes entreprises.

Ces éléments de diagnostic différenciés permettent de ne pas juger uniquement à l'aune d'études économétriques publiées avec retard par rapport aux attentes légitimes des pouvoirs publics.

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