Intervention de Gilles de Margerie

Réunion du mercredi 29 septembre 2021 à 14h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Gilles de Margerie, commissaire général de France Stratégie :

La France a travaillé à faire en sorte que l'environnement des entreprises industrielles sur le plan social, fiscal, du droit des sociétés se rapproche de celui de ses principaux concurrents. Il importe de poursuivre ce mouvement, de finaliser la diminution des impôts de production jusqu'à un niveau comparable avec les autres pays, de mener à terme le processus annoncé de baisse de l'impôt sur les sociétés. Dès lors, nous aurons rétabli une partie importante des facteurs concurrentiels.

Reste à savoir ce que l'État peut et doit faire. Le plan de relance propose de véritables paris industriels, notamment celui sur l'hydrogène. Nous avons publié plusieurs documents très prudents sur l'hydrogène pour des raisons de coût. En effet, nous considérons que ce véhicule de stockage deviendra extrêmement intéressant dès lors que nous saurons produire un hydrogène vert de sorte qu'il devienne concurrentiel avec d'autres formes de stockage d'énergie. Nous en sommes encore extrêmement loin. Lorsque nous y parviendrons, ce phénomène important modifiera la donne, notamment sur les questions posées par l'irrégularité des énergies renouvelables intermittentes.

Le plan de relance laisse à penser que l'État retrouve le goût de s'engager sur plusieurs secteurs et de s'intéresser à l'industrie. Pendant plusieurs décennies, s'est développé un sentiment selon lequel l'échec des politiques de filières des années quatre-vingt conduisait les pouvoirs publics à ne plus assumer leur rôle dans la politique industrielle. Pour autant, la régulation des secteurs des télécoms, de l'énergie, de l'aéronautique, des transports, relevait d'une politique industrielle dont on n'assumait pas l'appellation. Nous constatons un retour en grâce de l'industrie dans le monde de la politique, dans les administrations, dans les collectivités territoriales, qui peut conduire à déclencher des vocations chez les jeunes et les amener, à la sortie des écoles de formation techniques ou d'ingénieur, à choisir l'industrie plutôt que les services et à considérer que, finalement, ce sont des beaux métiers.

Un ensemble de facteurs paraît donner un peu d'espoir pour que nous ne restions pas le pays le plus désindustrialisé du G7 et parmi les plus désindustrialisés d'Europe.

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