Intervention de Gilles de Margerie

Réunion du mercredi 29 septembre 2021 à 14h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Gilles de Margerie, commissaire général de France Stratégie :

Je ne suis pas en mesure d'apporter des informations précises sur les différences de structure de capital. Des détentions familiales dans la durée, l'utilisation de fondations d'entreprises, etc., sont plus fréquentes en Allemagne qu'en France. Une majorité des entreprises industrielles françaises disposent d'un capital dispersé. Un petit nombre de ces entreprises repose sur des blocs de contrôle minoritaires qui se sont révélés efficaces dans la durée. Pour autant, je ne saurai pas établir un lien entre ces structures et le caractère concurrentiel de nos entreprises.

S'agissant de la gouvernance, nous constatons un début d'évolution qui a été accentué par la loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite « loi PACTE », qui prévoit l'intégration d'administrateurs salariés dans les conseils d'administration. Les entreprises se mettent en conformité avec ces règles. Elles commencent à appliquer également les préconisations élaborées à ce sujet par le patronat, notamment par le groupe de travail entre l'Association française des entreprises privées et le Mouvement des entreprises de France (AFEP-MEDEF).

Pour ce qui concerne la réindustrialisation en matière de santé, la question dominante consiste à savoir si nous devons reconstituer le type de dialogue qui existait dans le passé, quand le ministère qui payait les médicaments négociait le prix dans un contexte de projet d'implantation industrielle et de développement des industries. Cette méthode présente néanmoins des risques de confusion d'objectifs. Une approche qui sépare la fonction d'encouragement au développement industriel de la fonction d'achat me semblerait plus saine. Je recommanderais d'accorder une place plus importante à l'industrie pharmaceutique dans les politiques industrielles plutôt que de conditionner le prix à l'implantation industrielle. Nous ne connaissons pas la répartition du chiffre d'affaires des grands groupes pharmaceutiques sur les différents marchés nationaux et encore moins leurs marges. Dès lors, les acheteurs publics ne connaissent pas le modèle économique du groupe auquel ils achètent. Je pense donc qu'il est préférable d'encourager l'emploi industriel dans le secteur pharmaceutique en France d'une part, et d'optimiser la politique d'achat de médicaments d'autre part. Les deux démarches doivent être menées indépendamment l'une de l'autre.

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