Intervention de François Geerolf

Réunion du jeudi 30 septembre 2021 à 14h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

François Geerolf, professeur assistant à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA) et conseiller scientifique au Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII) :

Je suis d'accord avec les propos de Mme Nadine Levratto. Il me semble que ces politiques très horizontales de saupoudrage des aides qui refusent de favoriser certains secteurs, comme c'est le cas pour le CIR et le CICE, relèvent de la philosophie générale du consensus de Washington. Des mesures de ciblage des baisses de charge sur les salaires industriels avaient soulevé des débats au moment du CICE entre certains économistes et Louis Gallois. La plupart des économistes soutenaient qu'il fallait favoriser le ciblage du dispositif sur les bas salaires afin d'obtenir le plus de gains d'emploi plutôt que sur l'industrie spécifiquement. Beaucoup d'économistes pensent que les politiques font preuve de fétichisme industriel.

Je suis d'accord avec les propos de Mme Bellit sur l'Allemagne. La France est à la fois un pays très libéral et très social : les nombreuses aides sociales donnent l'impression d'un pays très étatiste. Mais depuis les années 1990, l'État se désengage de ses participations et de la vie des affaires de façon générale, et accompagne plutôt les gens qui perdent un emploi par des politiques sociales relativement généreuses.

Le débat oppose trop souvent l'État et les entreprises, le libéralisme et l'étatisme. Les deux sont possibles à la fois. La place financière à Paris s'est très bien développée dans des secteurs comme la banque d'affaires, ou le rachat avec effet de levier – leveraged buy-out (LBO) dont le travail consiste souvent à augmenter la rentabilité des groupes industriels. Quand on demande à un groupe industriel de réaliser des performances de 15 %, il ne peut travailler sur le long terme. La structure actionnariale en France conduit à une vision à court terme à l'anglo-saxonne. Je ne nie pas l'importance du niveau des dépenses publiques, mais c'est aussi parce que l'État est là pour accompagner les dégâts, notamment faits sur le secteur industriel.

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