Intervention de Vincent Touraille

Réunion du mercredi 6 octobre 2021 à 14h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Vincent Touraille, directeur de la stratégie et des fusions et acquisitions au sein de Sanofi EUROAPI, président du syndicat professionnel de l'industrie chimique organique de synthèse et de la biochimie (Sicos Biochimie) :

Nous avons un tissu français et européen extrêmement dense de la répartition de la recherche et développement (R&D). Chez Sanofi EUROAPI, nous travaillons dans des domaines précis pour préparer un API et regarder le type d'écosystème avec lequel nous pourrions travailler. Or nous constatons que les partenaires sont multiples. La recherche privée, avec des entreprises aidées dans certains cas, est considérable en ce qui concerne le développement et l'innovation. L'Europe et la France ont la chance de bénéficier de quantité d'ingénieurs et de très bonnes idées. C'est une force dont nous devons être conscients.

Les industriels ont rarement été aidés comme ils l'ont été depuis la crise sanitaire. Pour autant, l'offre et la demande sont deux axes que nous prenons toujours en compte. Pour un projet d'une centaine de millions d'euros, si l'État nous aide à hauteur de 40 millions d'euros, il reste 60 millions d'euros à débourser, mais nous allons les investir uniquement si nous sommes certains de vendre le produit. Le procédé d'innovation sera-t-il suffisant pour ramener l'économie à un niveau compétitif par rapport aux concurrents asiatiques ? Si ce n'est pas le cas, nos clients iront acheter meilleur marché ailleurs. Par conséquent, nous ne sommes pas sûrs que les 60 millions d'euros investis trouvent un retour sur investissement et nous n'investirons donc pas. Le prix du médicament doit être revu, par exemple avec une mention « fabrication européenne », des aides ou un principe de pourcentage, pour privilégier la production européenne : soit avec un prix plus élevé permettant à notre client d'acheter à un prix plus élevé, soit avec une obligation d'achat.

Il est possible de se rapprocher de la compétitivité, mais si nous voulons rapatrier de grosses molécules comme l'amoxicilline, il faudrait produire des volumes gigantesques de l'ordre de 5 000 tonnes pour espérer être compétitifs quand 100 tonnes seraient suffisantes pour un démarrage. Le problème de ces volumes est que les investissements doivent être à la hauteur : or ces énormes montants ne sont pas tous couverts par des aides. Nous nous situons alors dans un processus inconnu qui ne permet pas d'investir avec la garantie d'une rentabilité.

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