Deux sujets émergent du terrain, celui des compétences et celui de la rareté du foncier productif, les deux étant parfois liés.
En ce qui concerne les compétences, nous constatons qu'un recrutement sur deux dans l'industrie est difficile ; or 224 000 recrutements sont prévus dans l'industrie pour cette année.
Nous intervenons de différentes façons. Nous le faisons, tout d'abord, au sujet de la proximité d'une offre de formation autour des métiers de l'industrie. Nous avons, par exemple, lancé une opération, « au cœur des territoires », avec le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM). Nous avons invité les territoires à recenser les besoins non pourvus en main-d'œuvre et à travailler avec le CNAM sur une offre de formation. Nous la soutenons, à travers la Banque des territoires, en amorçage et en prêt, et l'intercommunalité met à disposition les locaux.
78 territoires ont été labélisés et 11 nouveaux vont en bénéficier, Montbéliard par exemple. C'est un système qui a fait ses preuves et qui fonctionne. Notre travail se porte aussi sur le déploiement des écoles de production pour aller chercher de jeunes décrocheurs et les orienter vers les métiers de l'industrie. Nous avons lancé un appel à manifestation d'intérêt, ce qui devrait doubler, d'ici 2023, le nombre d'écoles de production en moins de deux ans. Ces établissements ont des taux d'insertion de 100 %.
Même si la mobilité des salariés ne dépasse pas 30 kilomètres, il y a sans doute une évolution nécessaire des mécanismes de son accompagnement. Dans la Sarthe, nous avons expérimenté, avec Action Logement, un dispositif lié à la fermeture d'Arjowiggins. L'organisation avait accepté de financer une expérimentation pour permettre aux salariés, licenciés de retrouver un emploi dans la région en rachetant leurs logements. Il s'agissait d'éviter que le salarié paye un loyer dans son nouveau bassin d'emploi tout en continuant à payer le prêt associé à l'achat de son pavillon. Ce dispositif a peu fonctionné en raison d'un plafond trop bas de prise en compte des salaires. Les salariés de l'industrie ont un salaire plus élevé que dans les autres secteurs et, en conséquence, un certain nombre de dispositifs d'incitation à la mobilité sont, aujourd'hui, insuffisamment attractifs.
De manière plus globale, sur la problématique des compétences, le coût d'entrée, pour les collectivités locales et les entreprises, afin de monter des projets de formation est trop important, en particulier pour les intercommunalités qui sont souvent démunies. De plus, ce n'est pas forcément leurs compétences et nous constatons que l'initiative vient du terrain. L'échelle des projets sur les compétences n'est pas régionale, elle est intercommunale ou pluri-intercommunale. Ce coût d'entrée des montages des projets de formation et d'incitation à la mobilité est crucial. Il est nécessaire de faire en sorte que les moyens mobilisés puissent se déployer dans les territoires.