L'antibiorésistance est un sujet difficile. La plupart des antibiotiques ont été délocalisés en raison de prix extrêmement faibles, ce qui a découragé la recherche privée sur cette aire thérapeutique. Les nouveaux antibiotiques à créer suivent une logique similaire à celle de la dissuasion nucléaire : il faut les développer mais ne surtout pas les utiliser pour ne pas générer de nouvelles résistances. Ce n'est donc pas un modèle économique facile. Lorsque j'ai pris la présidence du CSF, j'ai mis en contact les équipes du CSF avec la Toulouse School of Economics et les équipes de Jean Tirole pour travailler sur un modèle d'analyse des moyens destiné à relancer la recherche dans ce domaine, et qui sera présenté fin 2021. C'est le premier « domino » qu'il fallait faire tomber dans le champ des antibiorésistants. Des start-ups travaillent dans ce domaine, mais l'absence de modèle pérenne rend difficiles le passage à une taille critique et des investissements conséquents.
Des initiatives ont été lancées à l'international dans les pays où la France est présente, avec les ambassades et Business France. Beaucoup de choses ont été faites. Ces projets ont contribué à une meilleure connaissance de la France également pour les équipes qui travaillent à l'international. Des marges de progression demeurent afin de valoriser le modèle de santé français ou « French Health Care » à l'international. M. Jean-Patrick Lajonchère travaille énormément sur ce sujet.
Un bémol toutefois sur le fonctionnement du CSF. L'intérêt du CSF est de rassembler des acteurs engagés – qui y participent généralement en plus de leur propre travail –, et les administrations centrales. Nous rassemblons trois ministères. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche et le ministère de l'Industrie ont témoigné un réel engagement dans le CSF. Mais le ministère des Solidarités et de la santé ne semble disposer ni des ressources, ni des profils adéquats pour participer à ces groupes et y consacrer du temps, de la compétence et de la réflexion. Il semble y avoir une distance culturelle vis-à-vis de l'industrie. Le ministère de la Santé avait envoyé une représentante mais avec la crise sanitaire, elle a été mobilisée ailleurs et n'a plus pris part à nos réunions. Je souhaitais profiter de ma présence ici pour souligner cette situation, car la dimension interministérielle est un enjeu majeur pour mieux structurer le CSF. Il faut que le ministère dégage des compétences et du temps afin que nous apprenions tous à travailler ensemble avec une même culture. Quand on travaille sur la filière « intelligence artificielle et santé », il est important que nous puissions discuter avec le ministère de la Santé sur la manière dont nous pouvons utiliser les données de santé, ainsi que sur les évolutions réglementaires nécessaires. C'est un message que je fais passer par le biais de votre commission…