Intervention de Alexandre Williams

Réunion du mercredi 20 octobre 2021 à 10h30
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Alexandre Williams, président d'Athena pharmaceutiques :

Après avoir vécu six ans en Chine et sept ans en Inde où je possédais une entreprise, j'ai pris la décision de racheter un site industriel en France il y a un an et demi. Je suis membre de l'AMLIS, de l'association Générique même médicament (GEMME) et d'autres associations comme CDMO France (Contract Development Manufacturing Organisations) qui regroupe les sous-traitants pharmaceutiques français. L'industrie pharmaceutique française décroît depuis les années 2000. Elle tenait la première place en Europe et se range aujourd'hui à la 4e place du classement, voire à la 6e place concernant la fabrication de nouveaux médicaments dans des sites européens. Nous passons ainsi derrière les Italiens et les Espagnols. Rien que ce constat devrait nous faire peur et alerter. Nous faisons face à des concurrents qui ne viennent pas seulement d'Asie, mais également à nos partenaires européens. Leurs problématiques sont identiques aux nôtres mais ils bénéficient de politiques différentes.

Pour comparer les prix, nous avons observé une diminution des prix constante sur les médicaments depuis vingt ans, notamment sur les médicaments matures. Mon usine française produit pour 70 % de génériques et 30 % pour des laboratoires membres de l'AMLIS. Ces laboratoires spécialisés ou specialty pharma fabriquent des médicaments qualifiés de médicaments d'intérêt thérapeutique majeur (MITM), relevant de la classe des médicaments qui apportent un progrès thérapeutique inexistant (ASMR V), pour des maladies chroniques qui constituent la majorité du portefeuille des médicaments en France.

Si je suis revenu en France, c'est que l'opportunité de fabriquer des médicaments est réelle. Je possède une usine de 200 employés en Inde et mon usine française en compte 135. Le calcul entre le prix de la matière première, le transport et le e -release montre que la France peut presque être compétitive. En tant que base industrielle pour le marché français et les marchés d'exports, la France est un territoire intéressant, bien plus intéressant que l'Inde. Cependant, malgré une pause en 2020, les politiques de prix imposent une diminution constante, notamment pour les fabricants de médicaments génériques (génériqueurs). En vingt ans, les fabricants de matière première ont disparu d'Europe. 80 % des matières premières sont fournies par l'Asie, et davantage encore en matière de volume. Selon une étude du syndicat Les Entreprises du médicament (LEEM), il n'existe plus que 24 fabricants de matières premières en France contre 350 en Chine et en Inde. Pour 100 certificats de conformité à la pharmacopée européenne – Certificate of suitability of monographs of the European Pharmacopoeia (CEP) en France, 2000 sont comptés en Chine et en Inde. Après les matières premières, les usines pharmaceutiques de médicaments classiques risquent également de quitter la France et l'Europe. La clause de sauvegarde a ajouté de nouvelles difficultés pour ces entreprises. Le seul responsable de la désintégration du tissu industriel est le prix des médicaments.

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