Intervention de Nicolas de Warren

Réunion du mercredi 20 octobre 2021 à 14h00
Commission d'enquête chargée d'identifier les facteurs qui ont conduit à la chute de la part de l'industrie dans le pib de la france et de définir les moyens à mettre en œuvre pour relocaliser l'industrie et notamment celle du médicament

Nicolas de Warren, directeur des relations institutionnelles d'Arkema, président de l'Union des industries utilisatrices d'énergie (UNIDEN) :

Le groupe chimique Arkema possède 120 usines dans le monde. 27 sont situés en France, dont 15 sites « Seveso seuil haut ». La question de l'acceptabilité est vécue au quotidien en matière de maîtrise et de prévention des risques chimiques. Il est incontestable que le niveau d'acceptabilité des riverains a diminué. Dans le bassin de Lacq, nous n'extrayons plus de gaz commercial mais seulement du gaz pour des produits chimiques de spécialité et nous n'avons pas eu de déperdition d'emplois. Le site bénéficiait d'une forte acceptabilité malgré une très mauvaise empreinte carbone avec des émissions de dioxyde de souffre considérables. Ce lien s'est aujourd'hui distendu alors que les emplois se sont maintenus au même niveau. Ces constats nous conduisent à revoir les modalités de contact et d'échange avec les citoyens et à sortir d'un discours institutionnel figé.

Le terme de « redéploiement industriel » me semble préférable à celui de « relocalisation », car il inclut les nouvelles industries. Nous devons permettre au socle actuel de continuer à exister et à rester compétitif, et à de nouvelles industries de se déployer. Deux usines géantes de batterie ont été annoncées dans le Nord face à la montée en flèche du besoin de batteries et il y en a déjà 10 en Allemagne et 2 en Pologne. Les usines de Stellantis à Douvrin et de Renault et Envision à Douai seront électro-intensives et consommeront chacune 40 MWh. Elles devront disposer d'un approvisionnement fiable en électricité compétitive. Il faudra que leur empreinte environnementale soit optimale. La capitalisation sur les normes dans les investissements contribue à l'acceptabilité.

J'insiste sur l'aspect du dialogue citoyen. Il existe par exemple des commissions de suivi de sites et des commissions locales d'information. L'asymétrie du dialogue entre riverains, associations et exploitants est très visible et elle est vécue de façon douloureuse, avec d'un côté une partie disposant du savoir technique qui peut avoir tendance à être un peu condescendante. Revisiter les modes de dialogue de manière moins institutionnelle, avec des retours d'expérience, est une nécessité. Les conventions citoyennes bien menées localement peuvent constituer des expériences pertinentes. Nous avons mis en place 12 plans de prévention des risques technologiques (PPRT). Alors que les exploitants craignaient que ces PPRT ne révèlent aux riverains la dangerosité de l'environnement dans lequel ils vivent, ils ont suscité une très forte adhésion. La population a compris que la connaissance de la nature même du risque et des dispositifs de prévention que nous envisagions dans le cadre prévu par la loi apportaient un degré de protection supplémentaire.

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